Le faire-part d’une union inexpliquée, somptueuse, éphémère. Un voyage romantique à travers une époque. Deux passagers sur une carte postale. Ce film est d’une beauté photographique inouïe, presque dérangeante. Les acteurs eux aussi sont magnifiques. Le film a vraiment le cachet d’une œuvre des années 50. On y plonge dans la désolation de Berlin, le charme de Varsovie et la magnificence du Paris d’époque. Ces espaces sont le théâtre des tribulations amoureuses de deux âmes irrésistiblement attirées mais que tout sépare. Cold War érotise les souffrances de la confrontation d’un désir avec les contingences du réel. C’est avec plaisir qu’on se plonge dans ce drame amoureux archétypal, immergé dans l’ambiance de l’époque, amoureux de ses personnages romanesques. Mais si on attend du film qu’il nous dévoile les mécanismes émotionnels de Wictor et Zula on risque d’être déçu car ils restent obscurs. C’est en effet son point d’ombre. Selon moi, le spectateur reste trop à distance des personnages ce qui rend l’évolution sentimentale des protagonistes incompréhensible. Plutôt friand des films courts, j’étais pourtant déçu que l’histoire se finisse si vite, ne me laissant pas percevoir la souffrance de l’attente ou les nombreuses péripéties qu’impliquent cette relation ondulatoire. Mais c’est probablement un parti pris. La distance aux personnages ou la fugacité de l’histoire n’enlèvent rien à la beauté exceptionnelle de ce film, pur fantasme.