Sujet de société mastoc aux États-Unis (jamais les derniers en termes de répression à tout va), les camps de redressement pour délinquants mineurs (boot camps) se sont plusieurs fois retrouvés au cœur de scandales et de polémiques (morts, suicides, violences et tout le tralala) sans pour autant remettre en cause leur éventuelle nécessité (un peu comme les armes quoi). Vincent Grashaw, producteur du bof bof Bellflower, réalise son premier film en s’emparant vaillamment de la question pour livrer un truc très moyen décevant. On s’attendait quand même à une claque maousse directe pour avoir droit finalement à une tapette sur l’épaule. Pas cool.
Coldwater ne renouvellera pas le genre "film de jeunes en prison" (avec gardiens à la dure, dérives latentes et brutalités comprises) parce que Grashaw ne s’écarte jamais des lignes trop artificielles de son intrigue transformée en réquisitoire nigaud. On aura bien droit à quelques scènes de sévices et d’humiliations, mais Grashaw préfère ne pas s’appesantir là-dessus. Ce n’est pas son but et c’est un autre film. Il cherche à (dé)montrer d’abord la fiabilité toute relative de telles institutions (généralement avalisées par des parents qui n’ont plus d'autres solutions pour mater et "civiliser" leur rejeton) en les condamnant à l’issue d’un bain de sang final qui vient confirmer (et appuyer) son propos. Pas glop.
La mise en scène de Grashaw est classique, tente quelques incartades, mais reste globalement sans surprises. Les flashbacks sont amenés de façon systématique quand ils ne sont pas lourdingues (souvenirs de la petite copine belle et souriante courant dans les champs, allongée sur le lit ou faisant des bisous), la fin est poussive dans ses révélations et ses effets de manche, et le héros principal (P. J. Boudousqué, qu’on dirait échappé d’un concours de sosies de Ryan Gosling sur NRJ12), mollasson et tête à claques, ne donne pas une seconde envie de croire à son histoire ni de s’émouvoir de son calvaire. Il y a avait un potentiel. Il y avait du corps. Il y avait de la matière, mais Coldwater n’est et ne sera qu’une œuvre anodine et gauche, déjà dans les choux. Pas étonnant.