Sujet de société mastoc aux États-Unis (jamais les derniers en termes de répression à tout va), les camps de redressement pour délinquants mineurs (boot camps) se sont plusieurs fois retrouvés au cœur de scandales et de polémiques (morts, suicides, violences et tout le tralala) sans pour autant remettre en cause leur éventuelle nécessité (un peu comme les armes quoi). Vincent Grashaw, producteur du bof bof Bellflower, réalise son premier film en s’emparant vaillamment de la question pour livrer un truc très moyen décevant. On s’attendait quand même à une claque maousse directe pour avoir droit finalement à une tapette sur l’épaule. Pas cool.

Coldwater ne renouvellera pas le genre "film de jeunes en prison" (avec gardiens à la dure, dérives latentes et brutalités comprises) parce que Grashaw ne s’écarte jamais des lignes trop artificielles de son intrigue transformée en réquisitoire nigaud. On aura bien droit à quelques scènes de sévices et d’humiliations, mais Grashaw préfère ne pas s’appesantir là-dessus. Ce n’est pas son but et c’est un autre film. Il cherche à (dé)montrer d’abord la fiabilité toute relative de telles institutions (généralement avalisées par des parents qui n’ont plus d'autres solutions pour mater et "civiliser" leur rejeton) en les condamnant à l’issue d’un bain de sang final qui vient confirmer (et appuyer) son propos. Pas glop.

La mise en scène de Grashaw est classique, tente quelques incartades, mais reste globalement sans surprises. Les flashbacks sont amenés de façon systématique quand ils ne sont pas lourdingues (souvenirs de la petite copine belle et souriante courant dans les champs, allongée sur le lit ou faisant des bisous), la fin est poussive dans ses révélations et ses effets de manche, et le héros principal (P. J. Boudousqué, qu’on dirait échappé d’un concours de sosies de Ryan Gosling sur NRJ12), mollasson et tête à claques, ne donne pas une seconde envie de croire à son histoire ni de s’émouvoir de son calvaire. Il y a avait un potentiel. Il y avait du corps. Il y avait de la matière, mais Coldwater n’est et ne sera qu’une œuvre anodine et gauche, déjà dans les choux. Pas étonnant.
mymp
4
Écrit par

Créée

le 8 juil. 2014

Critique lue 502 fois

4 j'aime

2 commentaires

mymp

Écrit par

Critique lue 502 fois

4
2

D'autres avis sur Coldwater

Coldwater
GauthierM
8

Critique de Coldwater par GauthierM

Il est très difficile d'émettre une critique et encore plus une notation sur ce Coldwater venu de nulle part. Son seul sujet suffit à savoir qu'on n'aura pas à faire à un film comme les autres. Voyez...

le 25 juin 2013

12 j'aime

6

Coldwater
KMP
8

Douche froide

Aller voir un film sans rien savoir du sujet, pas même le synopsis, c'est possible. Et c'est comme cela que je suis allé voir Coldwater qui était la seule nouveauté qui me tentait cette semaine. Dans...

Par

le 14 juil. 2014

10 j'aime

Coldwater
Thomas_le_Govic
5

Douche froide

Vincent Grashaw nous donne un film qui semblait prometteur : basé sur des faits en partis réels, un scénario réfléchi sur 18 ans, de jeunes acteurs révélés. Beaucoup de promesses. Pas beaucoup de...

le 10 juil. 2014

9 j'aime

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

180 j'aime

43

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

162 j'aime

25