La nuit appartient au vampire, au hibou et à Michael Mann

Neuf ans après son précédent thriller musclé, Mann ressort l’arsenal. Entre temps, beaucoup de choses ont changé. Les années 1980 sont mortes et enterrées. Dante Spinotti n’est plus à la photo. Les techniques de prises de vue ont beaucoup évolué, le matériel particulièrement. De fait, ça ne peut plus être le même cinéma ? Rien n’est moins sûr. Max est chauffeur de taxi. Il arpente les rues de LA en attendant de pouvoir monter son vrai projet professionnel. Un soir, il se fait embaucher pour la nuit par Vincent, le type froid à l’allure d‘homme d’affaire propre sur lui. Max est embarqué contre son gré dans une course meurtrière. Au centre du récit, on retrouve des personnages que l’on connaît. Vincent est le professionnel solitaire et sûr de lui. Pour lui, rien ne compte plus que la mission pour laquelle il est appelé. L’autre personnage, c’est la ville elle-même. Là encore, le film est un brillant hommage à Los Angeles, ville labyrinthique tout en contrastes. Du jour à la nuit. De l’étendue horizontale au vertige vertical. Ce trip nocturne à LA est donc totalement un film de Mann. Mais la vraie nouveauté est technique et esthétique. Mann innove en abandonnant la pellicule pour tourner avec une toute nouvelle caméra HD numérique. Et c’est tout sauf un gadget ou une lubie pour technophile. Pour lui qui filme la nuit comme personne, il s’agit de lui donner corps. De la laisser s’exprimer telle qu’elle est. L’avantage de ce procédé est qu’il se passe d’éclairage d’appoint (sensibilité hallucinante). L’inconvénient, c’est peut-être ce léger bruit numérique qu’on aperçoit par moment. Bref, on est dans cette nuit sanglante avec les personnages. On vit aussi dans ce taxi. Et c’est la nuit de LA qui nous éclaire. On ajoute à ça quelques scènes d’anthologie (en boite de nuit, dans le métro), une interprétation nickel et un script parfait et on tient là un très grand thriller du XXIe siècle. A voir donc.

Konika0
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le 3 août 2021

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