Max est un chauffeur de taxi de nuit à Los Angeles. Un soir, il conduit Vincent, vraisemblablement un homme d’affaires à qui il louera ses services pour la nuit (enfin, être son chauffeur privé hein…) contre 600 dollars.
Premier arrêt. Vincent entre dans un immeuble.
La première victime tombe sur la voiture de Max. Faisant voler en éclats la possibilité d’une nuit tranquille et son pare-brise. Le chauffeur voudra alors se casser aussi vite que la vitre de son véhicule. Mais il vient malheureusement d’embarquer pour une mortelle croisière avec Tom Cruise…
Collatéral, c’est le polar qui a démontré que Michael Mann est vraiment l’Hommme de la situation pour filmer des environnements urbains et nocturnes. Il le confirmera au besoin avec son film suivant, Miami Vice. Tom Cruise tient ici un rôle à contre-emploi en étant le bad-guy de l’histoire. Il rajoute une corde à son arc qui confirme son talent d’acteur. Quant à Jamie Foxx, c’est le film qui l’a vraiment propulsé sur le devant de la scène. Il était jusqu’ici plus reconnu pour ses qualités d’humoriste. Mais le rôle qu’il tient lui a fait prendre du galon et même décrocher une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle. Autant de raisons qui poussent à se pencher un peu plus sur ce Collatéral.

Pour changer, je vais commencer cette critique en parlant de ce qui m’a déçu. J’ai noté quelques facilités ou erreurs comme le fait que Max se fasse arrêter par les flics très rapidement à cause de son pare-brise fissurée mais plus une seule fois durant le reste de la nuit. Peu après, l’inspecteur Fanning (Marc Rufallo) se retrouve dans le même ascenseur au même moment que Max et Vincent (ce qui n’aura au passage aucun intérêt par la suite). Vincent ne prend même pas la peine d’effacer ses empreintes après avoir tripoté les mains et les manches d’une victime qu’il vient de refroidir (vive le professionnalisme) après que la serveuse du bar dans lequel il a commis son méfait ait convenablement bien pris la peine de disparaître sans raison. Les rues sont par moments bien vides, ce qui est étonnant dans une ville de l’envergure de Los Angeles (notamment durant la scène où Max fait un tonneau avec son taxi dans une grande artère).

ATTENTION SPOILERS
Les témoins ne sont pas plus protégés que cela (apparemment, ils ont balancé un gros bonnet mais ils aiment bien se balader en boîte de nuit, dans un club de jazz ou rester seule au boulot jusqu’au petit matin). Dans la scène finale, Vincent tire à plusieurs reprises sur Max (seulement caché derrière la porte du métro) à bout portant mais ne le touche pas. Enfin, les conséquences des actes de Max seront passées sous silence. Il a quand même sérieusement aidé un tueur à supprimer plusieurs témoins et fini même par abattre le tueur en question…
FIN DE SPOILERS

À ce stage de la critique, certains pensent que ces points négatifs font que le film est à ranger dans la catégorie des mauvais films ? Dommage, Collatéral fait des dégâts. Et ce à de nombreux niveaux : jeu d’acteur, histoire prenante et tendue, élégance de la réalisation. Mais voyons cela plus en détails.

Vincent, assassin implacable, va donc pimenter la soirée de Max. Il est habillé cumin jeune cadre dynamique avec son costume gris et s’est pour l’occasion thym les cheveux en poivre-sel pour un look qui ne manque pas de piquant, parole d’Epice.
Tom Cruise campe parfaitement ce tueur froid, implacable et en total contrôle de la situation. Il abat froidement ses victimes aussi facilement qu’il respire, n’hésitant pas si les circonstances l’exigent à faire feu en pleine rue sur des policiers mariés ou des petites frappes jouant un peu trop avec ses nerfs (et donc leur vie). Au niveau de l’expression faciale, le mot d’ordre est mission impassible.
Quoi qu’il en soit, cette performance fait partie de celles qui peuvent réconcilier l’acteur avec ceux qui ont du mal avec ses rôles d’éternel beau-gosse.
À ses côtés, le fantastique Mr. Foxx (qui croisera son cousin le coyote au détour d’un plan lyrique et surréaliste où le temps semble suspendu) campe un chauffeur de taxi dépassé par les événements mais qui se révèlera au fil des épreuves. Son passé est aussi propre et lisse que son taxi. Mais ce qu’il va endurer durant cette nuit va changer sa vie, le renforcer et le faire user de ressources insoupçonnées.
Il est amusant de noter qu’il côtoie une avocate jouée par la femme de Will Smith, acteur qui était initialement pressenti pour jouer Django dans le film de Tarantino, rôle dont a finalement hérité Jamie Foxx. La boucle est bouclée.
Le reste du casting tient aussi bien la route. Mark Ruffalo campe l’inspecteur Fanning et les tons parfois verdâtres de la lumière lui confèrent un teint prémonitoire au vu de son dernier rôle marquant à l’écran.
Tom Cruise croise la route de Jason Statham, le temps d’une apparition qui tient du caméo. On constatera que le bonhomme est toujours à l’aise dans le rôle du Transporteur (ici de valise).
Javier Bardem a quant à lui un look capillaire plus sage que ces dernières années.

L’histoire est simple et pas toujours très réaliste comme je l’ai dit précédemment mais elle est surtout très prenante ! La course-poursuite finale est haletante, avec un Tom Cruise dont l’attitude et la couleur du costume font échos au Terminator.

Mais ce qui démarque Collatéral de bon nombre de polar, c’est sa réalisation qui est d’une classe sans pareille et d’une richesse absolue ! Les plans aériens et silencieux où le spectateur semble flotter au-dessus d’un Los Angeles resplendissant, les nombreux reflets qui donnent de la profondeur à l’image (notamment dans la partie de cache-cache finale), les flous artistiques ou encore la caméra haute-définition (utilisée 90% des plans du film) font des merveilles.
La lumière est également bien travaillée : tantôt chaude et orangée, faisant écho à la moiteur de Los Angeles, tantôt verte et morne, renvoyant au côté lugubre de certaines ruelles de la ville. La luminosité bleutée et froide peut quant à elle être vu comme un reflet du personnage de Vincent.
Je regrette néanmoins le bruit sur certains plans qui gâche la beauté de l’image. Cela lui confère un certain cachet mais je ne suis vraiment pas fan du résultat, je préfère une image lisse et pure.

La bande-son nous gâte avec des morceaux calmes comme Hands of Time ou Air qui participent à l’ambiance planantes de certaines scènes. D’autres plus rythmés comme Rollin’ Crumblingou Ready Steady Go qui accompagne parfaitement la fusillade de la boîte de nuit. Certaines pistes marient les deux comme Shadow on the Sun.
Par ailleurs, James Newton Howard appuie de manière discrète et juste l’émotion ou la tension qui se déroulent à l’écran.

En dépit de quelques petites fautes de parcours, Collatéral s’avère être un polar tendu et passionnant à suivre, très bien interprété et servi par une photographie aux petits oignons nous faisant découvrir Los Angeles comme on ne l’avait jamais vu.
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8
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le 4 déc. 2013

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