Ce qu'on peut apprécier dans ce film tout particulièrement, plus que l'esthétique assez peu originale, est l'équilibre entre les différentes composantes du films.
La musique apporte une véritable ambiance qui nous prépare à frémir pour ce qui va se produire.
L'intrigue amoureuse est bien amenée et n'est jamais traitée de façon excessive. Elle n'est jamais lourde alors qu'elle fonde l'action des personnages et est omniprésente. On sait pourquoi Lena s'engage dans La Colonia Dignidad mais sans jamais tomber dans du pathos dégoulinant. On ne voit que son courage.
Ensuite la question de la violence est traitée de façon intéressante car il n'y a que très peu de coups de feu tirés et encore moins de morts visibles.
Il n'y a pas d'effusion de sang ni même de scènes interminables de boucherie car ce n'est pas nécessaire pour saisir l'horreur de ce qui se passe.
Les mots de Paul Schäfer à un policier de Pinochet sont assez éclairants sur la manière d'exercer une véritable violence : "briser un homme sans lui faire de mal physiquement, là ça devient de l'art" mais lobotomiser un prisonnier politique n'est pas très "malin" selon lui.
Véritable gourou et tyran on voit très bien le danger et l'horreur de l'emprise qu'il a sur toute la Colonie.
Il a le soutien du gouvernement Chilien de Pinochet et pire encore, du personnel de l'ambassade allemande prête à livrer ses propres ressortissants.
Enfin, le point le plus fort de cette oeuvre est son rythme, véritable thriller, haletant jusqu'au bout sans être pour autant indigeste.
Alors qu'on ne cesse de courir avec les personnages, il n'y a pas de scène vraiment calme ou reposante, le danger est toujours présent.
Par exemple, la baignade de Lena où on pourrait penser qu'elle va se détendre va la conduire devant le "conseil des hommes" où chaque homme frappe les femmes ayant eu un comportement "impur".
Derrière chaque action la mort est une conséquence potentielle.
Colonia est pour moi un véritable thriller où l'histoire d'amour et la tragédie historique qui s'y sont jouées dans un climat de violence omniprésente et parfois invisible mais affreusement efficace.