Un film plutôt intéressant, même s’il lui manque plusieurs ingrédients pour entrer dans cette catégorie de films historiques marquants. Bon, tout d’abord je ne connais que trèèèès vaguement l’histoire de Chili avec Pinochet, je ne vais donc pas pinailler sur les détails historiques ; mais je dois avouer que découvrir cette histoire a été quelque chose de plutôt glaçant. C’est malheureusement un schéma que l’on retrouve assez souvent et qui m’horripile complètement. Néanmoins, ce que j’ai apprécié dans cette intrigue, c’est que si elle nous dévoile une vérité révoltante, c’est que son cœur est essentiellement une romance plutôt bien construite et intéressante.
Loin de l’archétype de la demoiselle en détresse, on se retrouve ici avec un couple lié par un profond amour, et où au final ce n’est pas l’un ou l’une qui va sauver l’autre, mais bien les deux ensembles qui vont se sauver mutuellement. J’ai beaucoup aimé cette ligne directrice, et je trouve que c’est fait très intelligemment. Le principal problème du film, sera son rythme pas vraiment bien maîtrisé par moment. Sans qu’il y ait de longueur ou de précipitation, le film oublie de transcender son sujet par un rythme adéquat. Or ici, on se retrouve avec une intrigue un peu nonchalante, qui se laisse porter en mode automatique jusqu’à sa conclusion. C’est dommage, parce que le couple lui-même est plutôt bien construit et le processus même, au final, plutôt clair avec la tension qu’il faut.
Juste que voilà, il oublie de vraiment nous emporter dans son histoire, chose plus qu’importante compte tenu d’un sujet qui, à la base, n’y invite pas.
Le casting est globalement correct, voire bon. Michael Nyqvist incarne tout ce qui peut être répugnant et terrifiant dans son personnage, le rendant vraiment détestable. Pas méchant ou vilain, simplement détestable. Tout comme Richenda Carey, même si on sent une once d’humanité chez elle. Mais c’est surtout le duo Daniel Brühl/Emma Watson qui tire l’ensemble vers le haut. Non seulement, et étrangement, l’alchimie fonctionne parfaitement entre eux, rendant le couple crédible et réaliste, renforçant ainsi sa construction. Ensuite, Brühl joue plutôt bien sur les deux facettes de son personnage : même si ce n’est pas grandiose, c’est efficace et crédible. Et enfin, Watson prouve ici qu’elle a réellement franchi un cap en tant qu’actrice, et qu’elle est tout à fait capable de porter un film sur ses épaules en tant que personnage principal.
Techniquement, le film est plutôt correct. Les décors nous plongeront dans cette Colonia Dignidad à la fois glauque et oppressante. La reconstitution de l’époque sera également effiace sans forcément chercher à en mettre plein la vue. La musique sera dans la lignée de ce qu’on peut avoir dans le genre drame historique. La mise en scène sera classique dans l’ensemble, avec peut-être 2-3 bonnes idées ; mais sera également responsable du manque d’investissement dans le film, ne réussissant pas à briser la glace avec le spectateur.
Colonia est donc en soit un film correct à bon. Comme je l’ai dit, le duo d’affiche plus la romance entre eux est vraiment le gros point fort ; mais en tant que film historique, il échoue parfois à nous immerger dans cette histoire.