Visiblement souvent taxé de n'être qu'une histoire d'amour sur fond de contexte politique totalitaire, ce film m'a pourtant paru magistral dans sa façon d'aborder des thèmes qui résonnent (et raisonnent) dans nos libertés actuelles.
C'est l'histoire de Daniel, photographe allemand qui est venu au Chili en 1973. Il a composé des affiches et des tracts pour promouvoir l'opposition contre Pinochet. Lena est venu le rejoindre par amour et ils sont séparés lors d'un coup d'Etat militaire musclé. Daniel est emmené dans un camp dont aucun des prisonniers du général n'est ressorti. Il s'agit d'un camp nommé Colonia Dignidad ("le camp de la dignité") tenu par un ancien nazi, se faisant "nommé le Saint-Père". Pour retrouver Daniel, Lena va volontairement intégrer une secte totalitaire.


De mes souvenirs, nos cours d'Histoire ne mettent pas trop l'accent sur cette période de l'Histoire...ça doit faire quoi dans les manuels, 2 lignes, peut-être 3 si c'est vraiment un historien qui aime les tartines. Peut-être parce que notre esprit est déjà bien occupé par d'autres régimes totalitaires géographiquement proches. Peut-être encore parce que cette période sombre de l'Histoire outre Atlantique, on en sait peu de choses. ce film n'est pas un documentaire donc si le thème vous intéresse en premier lieu ce n'est peut-être pas par-là qu'il faut commencer. Ce que je retiens c'est qu'entre ces murs l'ambiance est lourde, pesante et donc mes yeux réussis. C'est le film qui joue gaiement avec nos nerfs, on se sent tendu c'est donc que ça marche. Bien filmé, la musique colle au tout, les acteurs sont à leur place et justes, sans en faire des caisses et c'est appréciable. En plus, le réalisateur sait utiliser le silence, quand dans trop de films aujourd'hui, les scénaristes ne savent plus utiliser la didascalie "longue pause" (bon...faudrait pas que ça tourne à Only God Forgives ce que je suis en train de faire comme remarque, parce que là pour le coup c'était ridicule).


Ce que je retiens surtout c'est qu'Emma Watson a encore réussi à se trouver un rôle qui vient incarner un esprit critique qui ne se soumet pas et qui résiste (pourtant c'est un film allemand, d'un réalisateur peu connu, très peu diffusé dans les salles à sa sortie en France...bref, elle fait du tri. Elle me plait bien). Autant vous dire que lâchée dans une secte, on sent que ça rumine sec dans des méninges militantes pour les Droits de l'Homme et plus particulièrement pour les Droits de la Femme. Quand être belle c'est se faire traiter de pute et quand la parole ne peut pas être prise mais seulement donnée par un Mâââle dominant. Oui, c'est une Histoire romantique, c'est l'amour qui est une bonne raison de se battre, mais en seconde lecture, la liberté de penser aussi.

Mawelle
8
Écrit par

Créée

le 28 mars 2017

Critique lue 1.4K fois

10 j'aime

Mawelle

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

10

D'autres avis sur Colonia

Colonia
sci_th
4

Trop d'Emma Watson, trop d'histoire ...

Colonia déborde de potentiel, mais est selon moi enchainé de deux boulets : Emma Watson (et Daniel Brühl dans une moindre mesure), et l'histoire. Emma Watson ne joue pas mal, loin de là. Mais le...

le 23 avr. 2016

36 j'aime

5

Colonia
Frédéric_Perrinot
6

Romance encadrée

Le sujet de Colonia s’annonçait passionnant. Il prend place aux prémices du régime de Pinochet, un des régimes totalitaires les plus opaques de l’Histoire, qui a vu un nombre important de...

le 23 juil. 2016

24 j'aime

Colonia
Dorothée_Lauren
8

Critique de Colonia par Dorothée Laurent

J'ai vraiment apprécié ce film qui met en scène une très belle histoire d'amour sur fond historique. En 1973 au Chili, après le coup d'état de Pinochet, les opposants au régime sont arrêtés et pour...

le 25 juil. 2016

12 j'aime

3

Du même critique

Et si l'amour c'était aimer ?
Mawelle
8

Voyage en Absurdie occidentale

Il y a assez peu d'auteurs/dessinateurs de bandes dessinées qui pourraient se venter de réussir à me faire rire. Enfin, pas le sourire en coin du gag, non, je parle du vrai rire. Celui dont on peut...

le 14 nov. 2017

24 j'aime

1

Blacksad: Under the Skin
Mawelle
7

A un pixel de l'excellence

Etant une fan inconditionnel de la bande dessinée, s'il y a un jeu que j'attendais au tournant cette année c'était sans aucun doute Blacksad:Under the Skin. Le rendez-vous était pris depuis longtemps...

le 18 nov. 2019

14 j'aime