A l'inverse d'un cinéma d'animation occidental désormais entièrement voué à un jeune public (si l'on excepte bien entendu les oeuvres d'un Picha ou d'un Ralph Bakshi, ciblant un public adulte bien précis), le cinéma d'animation japonais a toujours eu cette capacité à s'adresser à toute forme d'audience, qu'elle soit jeune ou plus adulte, voire les deux en même temps, construisant parfois ces long-métrages animés comme de vrais films live.
Après s'être fait remarqué en 2007 avec son magnifique "Un été avec Coo", attachante fable écologique digne du "E.T. l'extra-terrestre" de Spielberg, le cinéaste Keiichi Hara adapte un roman de Eto Mori, considéré comme un classique de la littérature jeunesse au Japon, voyant une âme pécheresse prendre possession du corps d'un adolescent fraîchement décédé, afin de trouver l'absolution.
Une fois accepté une trame directement ancrée dans la culture bouddhiste, "Colorful", malgré ses quelques longueurs et un final prévisible, s'avère une oeuvre incroyablement touchante et émouvante, profondément spirituelle, à l'animation discrète mais efficace, à l'image de sa mise en scène, entièrement au service de l'histoire.
D'une justesse de ton exemplaire, le film de Hara ne se dérobe jamais devant son sujet, n'hésitant pas une seule seconde à aborder des sujets extrêmement délicats comme le suicide, la prostitution adolescente ou la persécution au quotidien, sans pour autant se permettre de poser le moindre jugement hâtif sur la société japonaise, qu'il dépeint avec le plus de simplicité et de réalisme possible.
Parcours initiatique tout autant que drame familiale ou chronique adolescente, "Colorful" parvient à nous faire réellement aimer ces personnages faits d'encre, tous bien plus complexes qu'ils n'y paraissent, et réchauffe sincèrement le coeur, hymne à la vie et à sa fragilité, nous encourageant à ne jamais baisser les bras et à voir la beauté qui réside en chaque chose autour de nous.