Colorful peint avec pas mal de nuances une foultitude de messages profonds débordant de bons sentiments sans aller jusqu'à l’écœurement, dresse des portraits de personnages colorés quoique stéréotypés, dénonce par l'exemple le harcèlement en milieu scolaire, la mode du suicide au Japon, les tourments de la solitude, glorifie la force que l'on peut retirer de se lier avec les autres, etc. Tout ça c'est très bien.
Très bien également, un anime qui prend le temps de te raconter une histoire dans une ville. C'est certainement un détail pour beaucoup, mais j'ai personnellement énormément apprécié ces déambulations réalistes dans une ville japonaise. Pas de glorification de la nature ou de futurisme et gigantisme, ça change.
Ce qui me chagrine plus qu'un brin avec Colorful, c'est un scénario qui, au delà d'avoir un dénouement éventé dès les premières minutes, est bâti comme un tableau symboliste dont on force un peu le trait. Pas au point que le résultat soit moche, loin de là, mais chaque scène a un message précis à faire passer, quand en plus elle est répétée à outrance, on finit par se lasser, passablement s'ennuyer. Car tandis que Keiichi Hara nous explique l'importance de la vie, il met en pause son histoire. Colorful prend son temps, au point d'être paresseux alors que paradoxalement, il abat un travail considérable pour syncrétiser avec élégance une foule de thèmes.
Personnellement, quand on me raconte une fable avec une morale à ce point mise en avant, toute fumante sous le nez dès les premières minutes, j'ai du mal à ressentir quoique ce soit.
Colorful n'en est pas moins un joli film, délicat, terriblement contemporain (bien que centré sur le Japon, les tourments de l'âme sont universels dans ce registre), qui mérite le coup d’œil.