Colorful, c'est un film qui parle d'un sujet très en vogue au Japon : le suicide.
Pour évoquer ce thème délicat, on suit l'âme d'un mort à qui l'on a donné une seconde chance alors qu'elle ne demandait rien d'autre qu'on lui foute la paix. Cette âme trouve sa place dans le corps de Makoto, jeune collégien qui vient de se suicider. Évidemment, personne n'informe l'esprit sur les menus détails de sa nouvelle vie. Ici, c'est marche ou recrève.
Les premières scènes du film donnent directement le ton : on n'en saura jamais plus que cette âme réincarnée. Le film est tourné à la première personne jusqu'au moment où l'esprit découvre son nouveau corps et le rôle qu'elle va devoir jouer. A partir de là, on est immédiatement projeté dans sa vie. Pas de longs discours métaphysiques sur "le suicide c'est pas bien" dans cette partie. On est d'emblée confronté à des questions très pragmatiques : mais... elle est où ma chambre ? pourquoi mon frère ne m'aime pas ? pourquoi j'ai l'impression que mes parents jouent la comédie ? c'est qui cette fille ? pourquoi je suis un paria dans mon collège ? comment je suis censé agir ?
S'en suit alors tout un lot de scènes tantôt cocasses, tantôt émouvantes, où l'âme cherche qui pouvait être Makoto et balance perpétuellement entre son identité propre et celle du jeune collégien mal dans sa peau, puis finit par se prendre complètement au jeu.
Tout le message sur le suicide est dit avec beaucoup de tact et de subtilité. On en arrive presque à être convaincu que tout le monde peut avoir une deuxième chance, que tout le monde peut réussir à changer et à reprendre sa vie en main. Presque... Jusqu'au moment où l'ange/gentil petit diable (ah, feu Monsieur Gripari) fait le petit discours habituel sur le suicide, comme quoi les autres ont besoin de nous, que l'on fait partie d'un tout, l'univers, blablabla, avec le sous-entendu affligeant que toute personne qui se suicide est égoïste. Ce discours doit durer en tout et pour tout une minute. Mais il suffit amplement à amoindrir la charge émotionnelle du film. Du 10/10, il passe à 8. Si seulement...