Dernière collaboration entre Boetticher et Randy Scott, ce Comanche Station est, pour beaucoup, une formidable conclusion. Scénario épuré, récit minimaliste et personnages réduits presque à l’extrême synthétisent tout à fait le fruit du travail réalisé par le duo. Autour de ce petit groupe de personnages, un huis-clos à ciel ouvert les amène à se déchirer tandis que le danger extérieur se révèle finalement plus facile à contenir que celui qui bout à l’intérieur. Sur un canevas plutôt simple, sinon simpliste, Burt Kennedy déroule un script qui n’est pas sans évoquer celui de L’Appât d’A. Mann.
Ce road-movie psychologique, tourné dans de superbes décors principalement rocailleux, est forcément contemplatif. La tension entre les personnages se révèle plus dans leurs discussions que dans les scènes d’action assez peu nombreuses. Quelques séquences avec les Indiens (finalement très peu présents à l’écran mais à l’origine de nombreuses situations) donnent l’occasion au réalisateur de briser la monotonie de son récit et de montrer d’autres aspects de la personnalité de ses personnages. Salutaires, elles permettent aussi aux spectateurs de ne pas piquer du nez. Si, en effet, le récit ne manque pas d’intelligence, cette lente traversée manque de surprises.
En termes d’enjeux narratifs, on n’est clairement pas dans une série B. Tout est ici d’une extrême finesse, d’une profonde intelligence, d’une redoutable efficacité. Les nombreuses révélations (dont l’ultime) sont judicieuses et font de ce film une entreprise délicate. On pourra cependant lui reprocher sa mollesse générale, son absence de surprise dans la conduite du récit et son refus de creuser de nouveaux sillons. En clair, c’est globalement profond et ingénieux mais trop linéaire pour être vraiment palpitant.