Dernière collaboration entre Boetticher et Randy Scott, ce Comanche Station est, pour beaucoup, une formidable conclusion. Scénario épuré, récit minimaliste et personnages réduits presque à l’extrême synthétisent tout à fait le fruit du travail réalisé par le duo. Autour de ce petit groupe de personnages, un huis-clos à ciel ouvert les amène à se déchirer tandis que le danger extérieur se révèle finalement plus facile à contenir que celui qui bout à l’intérieur. Sur un canevas plutôt simple, sinon simpliste, Burt Kennedy déroule un script qui n’est pas sans évoquer celui de L’Appât d’A. Mann.


Ce road-movie psychologique, tourné dans de superbes décors principalement rocailleux, est forcément contemplatif. La tension entre les personnages se révèle plus dans leurs discussions que dans les scènes d’action assez peu nombreuses. Quelques séquences avec les Indiens (finalement très peu présents à l’écran mais à l’origine de nombreuses situations) donnent l’occasion au réalisateur de briser la monotonie de son récit et de montrer d’autres aspects de la personnalité de ses personnages. Salutaires, elles permettent aussi aux spectateurs de ne pas piquer du nez. Si, en effet, le récit ne manque pas d’intelligence, cette lente traversée manque de surprises.


En termes d’enjeux narratifs, on n’est clairement pas dans une série B. Tout est ici d’une extrême finesse, d’une profonde intelligence, d’une redoutable efficacité. Les nombreuses révélations (dont l’ultime) sont judicieuses et font de ce film une entreprise délicate. On pourra cependant lui reprocher sa mollesse générale, son absence de surprise dans la conduite du récit et son refus de creuser de nouveaux sillons. En clair, c’est globalement profond et ingénieux mais trop linéaire pour être vraiment palpitant.

Play-It-Again-Seb
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs westerns

Créée

le 25 juin 2021

Critique lue 235 fois

9 j'aime

4 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 235 fois

9
4

D'autres avis sur Comanche Station

Comanche Station
Ugly
8

L'art du dépouillement selon Boetticher

Je termine le cycle des 7 westerns réalisés par Budd Boetticher avec sa vedette Randolph Scott, et déjà j'ai un petit coup de blues de quitter cette association qui fut mirifique et qui nous a offert...

Par

le 12 mars 2021

24 j'aime

9

Comanche Station
Play-It-Again-Seb
6

Station terminus pour Ranown

Dernière collaboration entre Boetticher et Randy Scott, ce Comanche Station est, pour beaucoup, une formidable conclusion. Scénario épuré, récit minimaliste et personnages réduits presque à l’extrême...

Par

le 25 juin 2021

9 j'aime

4

Comanche Station
mazthemaz
7

Tous unis contre les Comanches

Ultime volet du cycle Ranown, Comanche Station le conclut de fort belle manière, grâce à un nouveau scénario de qualité signé Burt Kennedy, et à un retour dans les emblématiques paysages minéraux de...

le 6 déc. 2017

9 j'aime

1

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10