J'ai découvert David Mackenzie avec Les poings contre les murs, super film carcéral à la mise en scène et à l'atmosphère extrêmement soigné, et à la partition impressionnante de Jack O'Connel. Ce fut une belle claque !


Alors quand j'ai vu Mackenzie à la réalisation de ce film accompagné de Jeff Bridges et Ben Foster, deux acteurs que j'affectionne particulièrement, j'ai tout de suite signé. Mais quand j'ai appris qu'au scénario se trouvait Taylor Sheridan, j'étais aux anges. Scénariste de l'étouffant Sicario, il a su imposer un cadre pesant et percer les failles psychologiques des protagonistes.


Et c'est ce même cadre dans un contexte - si ce n'est géographique - différent que l'on retrouve dans Comancheria. Ici, on suit deux frères, une véritable boule de nerfs (Ben Foster, incroyable) et un terre-à-terre (Chris Pine, enfin dans un vrai rôle), qui veulent sauver le ranch de leurs mère. Mais l'un pour aider son frangin et l'autre pour pouvoir racheter ses erreurs et transmettre le ranch à ses deux fils. Bien-sûr un flic (Jeff Bridges, tantôt rigolard, tantôt mélancolique) va se lancer à leur poursuite. Une histoire somme toute banal mais aux personnages tellement bien caractérisés que l'on s'attache à eux et que l'on s'inquiète de leurs sorts.


Le film se suit donc sans aucune difficulté et la mise en scène - s'ouvrant aux espaces désertiques alors qu'elle était totalement fermé dans la réalisation précédente de Mackenzie - nous tient en haleine du plan panoramique inaugural au plan final dans les hautes herbes. Et cela est dû en majeur partie à la caractérisation des personnages, à la superbe performance toute en nuances de Ben Foster et au propos, bien que prévisible, plutôt bien amené : le contraste entre l'idée fantasmagorique et idéal, que l'on se fait de l'Amérique et la réalité, sale et illusoire. On le comprend tout de suite par l'ambiance poussiéreuse, suante, étouffante et désespéré qui se dégage de ce long-métrage. Cela associé à la mise en scène qui filme la violence, les torts et les colères de chacun sans détour, on se retrouve face à une vision désenchantée de tout un pan de l'Amérique.


Malgré toutes ces belles qualités, le film souffre souvent de trop grandes explications cherchant à souligner le propos mais qui l'alourdissent ainsi que d'une dernière fusillade à la sauce GTA qui m'a légèrement déçu. Mais ces défauts n'entachent en rien la qualité globale de la dernière réalisation de Mackenzie et le script de Sheridan, deux personnes que je suivrais de plus en plus près à l'avenir.

Seenzek7
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le 11 sept. 2016

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