Non-lieu commun.
Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...
le 3 déc. 2016
86 j'aime
6
J'ai découvert David Mackenzie avec Les poings contre les murs, super film carcéral à la mise en scène et à l'atmosphère extrêmement soigné, et à la partition impressionnante de Jack O'Connel. Ce fut une belle claque !
Alors quand j'ai vu Mackenzie à la réalisation de ce film accompagné de Jeff Bridges et Ben Foster, deux acteurs que j'affectionne particulièrement, j'ai tout de suite signé. Mais quand j'ai appris qu'au scénario se trouvait Taylor Sheridan, j'étais aux anges. Scénariste de l'étouffant Sicario, il a su imposer un cadre pesant et percer les failles psychologiques des protagonistes.
Et c'est ce même cadre dans un contexte - si ce n'est géographique - différent que l'on retrouve dans Comancheria. Ici, on suit deux frères, une véritable boule de nerfs (Ben Foster, incroyable) et un terre-à-terre (Chris Pine, enfin dans un vrai rôle), qui veulent sauver le ranch de leurs mère. Mais l'un pour aider son frangin et l'autre pour pouvoir racheter ses erreurs et transmettre le ranch à ses deux fils. Bien-sûr un flic (Jeff Bridges, tantôt rigolard, tantôt mélancolique) va se lancer à leur poursuite. Une histoire somme toute banal mais aux personnages tellement bien caractérisés que l'on s'attache à eux et que l'on s'inquiète de leurs sorts.
Le film se suit donc sans aucune difficulté et la mise en scène - s'ouvrant aux espaces désertiques alors qu'elle était totalement fermé dans la réalisation précédente de Mackenzie - nous tient en haleine du plan panoramique inaugural au plan final dans les hautes herbes. Et cela est dû en majeur partie à la caractérisation des personnages, à la superbe performance toute en nuances de Ben Foster et au propos, bien que prévisible, plutôt bien amené : le contraste entre l'idée fantasmagorique et idéal, que l'on se fait de l'Amérique et la réalité, sale et illusoire. On le comprend tout de suite par l'ambiance poussiéreuse, suante, étouffante et désespéré qui se dégage de ce long-métrage. Cela associé à la mise en scène qui filme la violence, les torts et les colères de chacun sans détour, on se retrouve face à une vision désenchantée de tout un pan de l'Amérique.
Malgré toutes ces belles qualités, le film souffre souvent de trop grandes explications cherchant à souligner le propos mais qui l'alourdissent ainsi que d'une dernière fusillade à la sauce GTA qui m'a légèrement déçu. Mais ces défauts n'entachent en rien la qualité globale de la dernière réalisation de Mackenzie et le script de Sheridan, deux personnes que je suivrais de plus en plus près à l'avenir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films vus en 2016 et Les meilleurs films de 2016
Créée
le 11 sept. 2016
Critique lue 537 fois
D'autres avis sur Comancheria
Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...
le 3 déc. 2016
86 j'aime
6
Comancheria commence comme un film de braquage classique, tendance coups à moitié minable afin de faire du fric facile. Rien de bien neuf a priori, sauf le cadre de son scénario, qui fait évoluer son...
le 7 sept. 2016
83 j'aime
7
Toute une série d'activités, à priori relativement saines ou inoffensives, peuvent se révéler dangereuses, voire mortelles, lorsqu'elles sont pratiquées en état d'ivresse. Les plus connues sont même...
Par
le 7 déc. 2016
67 j'aime
16
Du même critique
Maintes fois ai-je entendu ce titre, L'Appel de la forêt. On me parlait d'un roman court, d'un grand roman tout court. Aussi, au vu de la sortie récente d'une adaptation cinématographique, je me suis...
Par
le 27 juil. 2020
5 j'aime
2
Un petit film de science-fiction au très joli titre et au postulat fort sympathique, ça attire l'œil. Alors, avec quelques excellents retours et une proposition cinématographique réduite, pourquoi...
Par
le 23 juil. 2020
4 j'aime
Judd Apatow a récemment déclaré dans Cinemateaser (magazine que je vous encourage à lire de toute urgence) qu'il fallait arrêter de séparer comédie et drame. Et ma foi, ce monsieur a tout fait...
Par
le 5 août 2020
3 j'aime