Maintes fois ai-je entendu ce titre, L'Appel de la forêt. On me parlait d'un roman court, d'un grand roman tout court. Aussi, au vu de la sortie récente d'une adaptation cinématographique, je me suis laissé tenter par l'histoire de Buck, un chien domestiqué se retrouvant embarqué dans le Grand Nord. Une aventure qui l'amènera à découvrir sa nature profonde.
Tout à coup Buck se sentit enfoncer dans une substance molle et blanche, semblable à de la poussière froide et mouillée. Il recula en grondant ; d'autres petites choses blanches tombaient et s'accrochaient à son poil. Intrigué, il en happa une au passage et demeura surpris : cette substance blanche brûlait comme le feu et fondait comme l'eau...
On est d'abord frappé par le talent de Jack London pour nous mettre littéralement dans la peau de Buck. Caractérisé avec intelligence, on éprouve une sincère empathie pour les difficultés et souffrances qu'il rencontre ou rencontrera. Sans aucun dialogue, nous sommes plongé dans sa psyché, sa vision et nous devenons Buck. Un formidable exercice de style sans le moindre défaut technique.
Happé par le froid du Grand Nord, on se confronte à la rudesse du monde sauvage. A chaque phrase, nous ressentons les éléments frappés, giflés et éreintés Buck. Il est dès lors question d'aborder la vie animale et plus précisément la vie d'un chien qui, face à l'adversité, renaît sous sa vrai nature. De cette manière, London interroge aussi notre propre nature humaine et notre perception de celle-ci. Peut-être que se trouve ici la portée philosophique de ce roman, toutefois, son véritable cœur se trouve bien dans le poitrail de Buck.
L’amour flambait en lui, ardent et fiévreux, l’amour profond, puissant, exclusif, cet admirable attachement du chien pour l’homme, qui a été tant de fois célébré et que jamais on admirera assez.
Sa relation avec l'Homme est particulièrement touchante et rappel à quel point, bien que par nature sauvage, le chien est un parfait compagnon de ce bipède tout autant sadique qu'aimant. Les émotions vives nous transpercent parfois tellement Buck et le lecteur ne font qu'un. On s'accroche à lui et on le laisse partir le cœur serré mais obligé de reconnaître que là est sa place… London se montre naturaliste dans ses premières pages pour au final devenir mythique et puissant dans cette vision légendaire de Buck.
Alors, quand viennent les longues nuits d'hiver et que les loups sortent du bois pour chasser le gibier dans les vallées basses, on peut le voir courir en tête de la horde, sous la pâle clarté de la lune, ou à la lueur resplendissante de l'aurore boréale.
On repose le livre avec cette impression tenace d'être parti dans un autre monde. Il est de ces romans qui vous invitent au voyage, tant géographique qu'intérieur.