Le plus beau thriller de la décennie, à moins que ce ne soit un western.

Le titre américain, littéralement "l’enfer ou le déluge » est une expression qui a pour sens « contre vents et marées », ce qui caractérise le projet de deux petits blancs du sud.

Emprunteurs pauvres, ils doivent, par contrat, rembourser la banque : cette contrainte classique est à l’origine du drame.

Tout est captivant, les personnages sont bien définis par leurs actions, leurs relations, et le développement de l’histoire. L’intérêt est soutenu par juste ce qu’il nous faut d’interêt, d’inquiétude, et même d’affection pour chacun d’eux (les deux jeunes braqueurs d'une part et les deux vieux flics d'autre part) même quand ils sont des adversaires.

La fin est ouverte.

On reste avec la tension, arrogante et amère, entre le frère survivant (joué par Chris Pine), le plus jeune - en partie apaisé par la réussite de son projet éthique de sauver "contre vents et marées" la ferme familiale de la rapacité des banques, mais désespéré par les dommages causés pour y arriver - et le policier à la retraite (joué par Jeff Bridges) dont la colère d’avoir perdu son coéquipier persiste et dont le besoin de comprendre n’a pas été satisfait. Ils semblent prêts à en découdre mais ils restent sur le seuil..

Vont-ils plus tard s’entretuer ou bien devenir des amis ? On ne sait, à part que pour chacun des deux, ce sera, quelle que soit l’issue : « A qui gagne perd »

Car comment réparer une tragédie dont on se sent en partie coupable, un sentiment qu'ils portent l’un comme l’autre à cause de la perte, pour l’un de son frère, pour l’autre de son collègue policier ?

C’est une profonde et belle histoire, dont le scénario est de Taylor Sheridan, comme "Sicario", de 2015, et « Wind River », de 2017, tous deux des excellents films dont il est aussi  le réalisateur.

Et les paysages désolés de la Comancheria au Texas, l'ancien territoire des comanches, avec maintenant ses routes défoncées, ses  petites villes presque mortes, ses maisons déglinguées et ses campagnes décolorées, arides, sont filmés magnifiquement, avec une nostalgie qui laisse imaginer la splendeur de l’ancien temps, quand ces "native américans" étaient considérés comme les seigneurs des plaines.

(Notule de 2019 publiée en décembre 2024)

Michael-Faure
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le 20 déc. 2024

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