Et si Alice (au Pays des Merveilles) et Peter Pan étaient à l'origine frère et soeur ? C'est en tout cas ce que veut raconter Come Away, film fantastique de Brenda Chapman un peu trop brouillon pour convaincre totalement. Pourtant, l'idée de départ est intéressante : confronter le monde imaginaire des enfants aux réalités impitoyables des adultes. En cela, le film se révèle plus sombre et dur qu'on ne l'aurait cru à premier abord, le fantastique venant se greffer par petites touches sur le drame. Dans un premier temps, le jeu des parallèles entre les deux mondes maintient curieusement notre intérêt et les émotions fortes sont menées de front par le duo vedette d'Angelina Jolie et David Oyelowo (d'ailleurs, l'idée du couple mixte à l'époque victorienne est intéressante mais jamais abordée...). Mais le scénario de Come Away se prend très vite les pieds dans le tapis, étant aussi confus que dense et plus maladroit qu'enchanteur... En effet, comment se servir de fragments emblématiques de ces contes pour composer une toute nouvelle aventure ? Les inventions plus adultes autour de ces récits ne manquent pas, à commencer par Hook ou encore Neverland, mais faire un deux en un, c'est ambitieux, certes, mais risqué. J'ai plutôt apprécié le point de départ de la tragédie familiale, faisant de l'imaginaire le seul échappatoire envisageable pour survivre. Mais la pérégrination des deux enfants qui s'ensuit ne m'a pas convaincu, loin de là. Ici, le montage ne rend absolument pas service à l'histoire, on se perd très vite et on ne s'attache pas aux personnages. Les problèmes d'alcool de la mère, véritable ombre d'elle-même, et ceux d'ordre financiers du père, ne nous atteignent pas mais permettent juste de montrer dans quel cadre dysfonctionnel Peter et Alive grandissent. L'essence fantastique et initiatique se dilue et les nuances de rose dans la photographie ne suffisent pas à faire diversion. Assumer le côté plus cru, le rendant peut-être moins accessible à toute la famille, aurait sans doute permis d'aborder les choses autrement, de façon plus psychologique et inconsciente. Des partis pris plus tranchés auraient sans doute permis de rendre Come Away plus atypique et curieux. Là, on a un côté mi-figue mi-raisin, ne sachant pas trop quoi raconter ni à qui s'adresser... Enfin, le film manque cruellement d'une atmosphère qui lui est propre, car pour le peu d'effets qu'il amène, force est de constater qu'on est sur du beau gros déjà-vu et qu'il manque clairement quelque chose pour toucher au coeur.