Avant, l'immense et multi-genres talent de Woody Allen s'était matérialisé dans la drôlerie bouffonne de "Bananas", la tendresse émouvante d'"Annie Hall", la gravité poétique de "Manhattan"...
Avec "Comédie érotique d'une nuit d'été", il propose un vaudeville campagnard dans les années 1900.
Précision d'emblée : que les amateurs de "scènes chaudes" sachent... qu'ils en seront pour leurs frais ! Les inconditionnels du cinéaste savent que le racolage visuel n'est pas son genre.
Là, Allen reste égal à lui-même. La mise en scène est très soignée. Et c'est encore aux relations très complexes (amour, séduction, indifférence, fidélité... et infidélité !) liant les deux sexes qu'il s'intéresse. Avec toujours cette alchimie de sérieux et de d'humour à froid qui est sa marque de fabrique filmique.
Six personnages en quête de... Andrew (Allen) et Hadrienne, plutôt coincée côté sexe, reçoivent dans leur belle propriété deux couples amis : un médecin et sa liaison du moment, jeune femme très libérée ; un prof de philo et sa future épouse (Mia Farrow). Et ça se complique dès lors que celle-ci se retrouve face à Andrew. Ils ont été à deux doigts (!) de coucher dans le passé et l'acte manqué a laissé des traces dans leurs têtes. Du coup (si l'on peut dire !), c'est un étonnant chassé-croisé amoureux qui va lier le groupe. Car chacun cède à un voluptueux "moment d'égarement". Cela donne au fil des heures et des situations : des regards appuyés ; des déclarations passionnées ; des élans fougueux ; des tentatives pour un rendez-vous en tête-à-tête. La caméra de Woody Allen fait merveille. En s'attardant - amoureusement, bien sûr - sur les visages pour mieux les faire parler. En cadrant l'action au milieu d'une nature magnifique et magnifiée, sous-bois lumineux, espaces verdoyants...
Images léchées, musique (Mendelssohn) rêveuse, interprètes inspirés (mention spéciale aux trois actrices campant chacune un type féminin), humour allennien... D'où vient alors ce petit agacement ressenti ? Du doublage, pardi ! Pas la traduction des subtils dialogues, mais le débit et les intonations restitués en français ! Un Woody Allen, môssieur, ça se regarde avec l'effort de gymnastique visuelle propre à la VOST (ne pas confondre avec MST !).
Pas encore vu ? Alors, bonne projection de "A midsummer night sex comedy" !