Conte (érotique d'une nuit) d'été
À chaque fois avec Woody Allen, on se dit que ça va être la même chose, et par certains côtés ça l'est : les sempiternels questionnements sur l'amour, la vie, la mort ou Dieu, l'aspect burlesque, la diction inimitable d'Allen-acteur, etc. Et pourtant, alors que j'approche de mon 30ème film de Woody, il continue de me surprendre et de m'émerveiller. D'abord par sa fantaisie constante, qui passe ici par son personnage d'inventeur fou, son vélo-hélicoptère ou son bidule magique révélant un autre monde (le passé, les esprits), autant d'idées qui donnent lieu à de brèves et jolies scènes poétiques.
Mais la vraie surprise de ce film vient d'ailleurs. Woody Allen, le citadin, toujours viscéralement attaché à sa ville de New York, réalise ici un marivaudage en pleine campagne au début du XXème. Sa façon de filmer la nature (sublime, merci au chef op Gordon Willis), évoque Renoir ou Rohmer. Un rayon de soleil, les feuilles des arbres bercées par le vent ou le frémissement de l'eau ont autant d'importance que les habituels coups de forces comiques (efficacité des gags, des dialogues, de la direction d'acteur). Il y a du Rohmer, aussi, dans le traitement des personnages, dans leur façon de parler ouvertement de leurs sentiments, dans leurs indécisions, dans leur intelligence adaptative qui leur permet de toujours s'en sortir. "Je croyais t'aimer passionnément, mais je ne t'aime pas, c'est pas grave, passons à autre chose, whatever works".
Et Mia Farrow n'a peut-être jamais été aussi belle, ce qui n'est pas rien.