Se souvenir des belles choses...
Par son approche théâtrale du récit avec son intrigue improbable composée de personnages manichéens et la prépondérance de la musique pour intensifier émotionnellement chaque scène, Zhang Yimou renoue avec la grande tradition du mélodrame. Il ne faudrait cependant pas lire dans cette remarque un quelconque dénigrement, car l’ensemble est très bien réalisé, tout au plus une critique sur le peu de portée sociale et politique de l’ensemble. Le film commence aux premières heures de la révolution culturelle, omniprésente à l’écran visuellement, passablement édulcorée dans les faits (Lu Yanshi le père est l’ennemi du peuple mais jamais il n’est fait mention des crimes dont on l’accuse, toutes les scènes d’exaction sont occultées…). On ressent très fortement la frilosité de Yimou à provoquer toute polémique. Mais, et c’est le plus gros reproche que l’on pourrait faire à « Coming home », son intention n’est pas de réaliser un film sur fond de politique, juste s’en tenir à l’histoire singulière de cette femme qui épuisera ses forces et sa raison dans l’attente. Attente du retour du mari, attente d’une vie retrouvée. Sur ce point là le film est particulièrement réussi, admirablement incarnée par une Gong Li ahurissante de maîtrise, on s’émeut du sort de cette femme et de saison en saison on se désole pour elle. Chen Daoming, dans le rôle du père et surtout Zhang Huiwen dans le rôle de la fille donnent le change. Le trio d’acteur donne au drame toute l’intensité nécessaire et le crédibilise. On le comprendra, « Coming home », n’est pas de son temps, il est juste une très belle approche sentimentale et littéraire de la fidélité et l’amour d’un couple hors du commun. Ces deux belles valeurs méritent bien un film et quand il est impeccablement construit, on ne peut que s’en réjouir.