Pour celles et ceux qui aiment les histoires d’Amour avec un grand A et un petit h
On ne s’était jamais vraiment remis de la visite de La Cité Interdite (c’était en 2007) avec comme guides ce couple mythique du cinéma chinois que forment le réalisateur Zhang Yimou et la superbe Gong Li.
On les retrouve ici avec tout autant de plaisir, de chaque côté de la caméra, avec Coming Home.
On connait bien désormais les drames et les déchirements causés par la Révolution Culturelle de Mao (décidément après les khmers rouges du Temps des aveux l’ombre de Mao plane sur le cinéma de cette fin d’année …) et la famille de Yanshi et Wanyu n’aura pas échappé à la terrible broyeuse infernale.
Yanshi (le mari) passera de nombreuses années dans les camps de rééducation.
Wanyu (son épouse) ne connaitra pas un sort plus enviable et y perdra jusqu’à la mémoire.
Même leur fille, danseuse convaincue du fameux Détachement féminin rouge, y laissera quelques plumes de cygne.
Lorsque de trop longues années plus tard, Yanshi retrouve sa maison, il lui faut reconquérir l’esprit de sa femme amnésique et tenter de reconstruire son foyer.
Bien sûr l’allégorie est transparente pour ce pays qui aura préféré oublier cette période noire comme tant d’autres pays qui oublient leurs sombres années : il n’y a pas loin de l’amnistie à l’amnésie, deux concepts qui partagent la même racine.
Mais le message s’arrête là et ce n’est clairement pas le fond politique qui aura dicté son scénario à Zhang Yimou : plutôt que l’Histoire de son pays, le cinéaste filme une belle, grande et triste histoire d’Amour, avec un grand A et un petit h.
Comme tant d’autres, la famille de Yanshi finira explosée par les excès de la Révo’Cul et aura bien du mal à se remettre du passage des Gardes Rouges mais l’histoire qui nous est racontée ici pourrait se dérouler dans n’importe quel pays victime des violences intégristes quelque soit leur couleur, dans n’importe quel pays où le destin détruit les couples et les familles.
Ce qui intéresse le cinéaste, ce ne sont pas les fautes de Yanshi (qu’on ignore), ce ne sont pas les causes de la séparation mais bien les impossibles retrouvailles : il attend qu’elle se souvienne, elle attend qu’il revienne et cela nous vaut une série de grandes scènes absolument superbes (le piano, le retour de la fille, …) dont celles, désormais fameuses, ou Yanshi fait à celle qui ne le reconnait pas, la lecture des lettres qu’il lui avait écrites.
Poignant et mélodramatique, sortez vos mouchoirs.
Du grand cinéma comme en témoigne le soin apporté aux décors : une passerelle de gare, un petit appartement, un escalier, … il n’en faut pas beaucoup à Zhang Yimou pour graver dans nos esprits quelques images fortes (très travaillées) dont on se souviendra longtemps.
Le jeu de Gong Li nous a semblé un peu appuyé et maladroit : elle surjoue l’amnésique qui a perdu la tête. En revanche, Chen Daoming (qui joue le mari Yanshi) est fantastique et porte à lui seul tout le film, contrairement à ce que laissaient penser l’affiche et nos a priori. Son regard éperdu de douleur face à cette femme qui n’est plus la sienne (ou plus exactement dont il n’est plus le mari) va nous hanter encore longtemps.
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