Matrix, John de son prénom, est un ancien commando dont on ne sait qu'une chose : il est fort comme un buffle, entraîné comme pas permis et son colonel d'avouer que si Matrix entre en action, il a peur de faire face à une troisième Guerre Nucléaire. Matrix, c'est ça : une armée d'un seul homme. Alors lorsqu'un ancien compagnon de fortune, devenu traître à la cause, kidnappe sa fille, Matrix reprend les armes pour défoncer les méchants jusqu'à plus soif.
Déjà, l'ouverture du film laisse comprendre que là, on est pas là pour rire : un méchant noir en costume tue un gentil blanc riche, puis achète une cadillac et tue le vendeur, puis va pécher du poisson et fait exploser un bateau sur lequel oeuvrait un clone issu des gènes de Freddy Mercury et Micheal Palin. Et encore, vous n'avez pas tout vu, ce fameux clone s'avère être le dernier boss du film, le méchant (à moustache) ultime, qui porte sur son t-shirt noir une espèce de cotte de maille en laine. Les Black Ops à la retraite, ça vieillit si vite...
Vu un peu tardivement, quand même, Commando m'a surtout surpris par l'étonnante mise en situation : outre un Schwarzy qui apparaît pour la première fois à l'écran tenant un tronc d'arbre sur son épaule, il y a la relation entre lui et sa fille, la jeune Alyssa Milano, qui n'a pas encore eu le temps de jouer dans Charmed et de fait, doit avoir 12 ans à tout casser (treize après vérification). Et Schwarzy qui l'embrasse régulièrement sur la bouche, vit avec elle loin du monde et retiré des gens, ne l'inscrit pas à l'école mais caresse des biches avec elle toute la journée. Un ancien Black ops et sa fille, quoi. Tiens, mais où est la mère ? La réponse est plus ou moins donnée en filigrane plus tard dans le film, puisque Schwarzy tient bientôt à s'adjoindre l'aide d'une ravissante jeune femme dont il arrache (à mains nues) le siège avant de la voiture pour pouvoir s'installer tranquillement (c'est sans doute à cela que fait référence le nouveau trailer d'Expendables 2 !). Son rapport à la féminité, donc, empreint de tendresse et de poésie, consiste en un mélange assez équitable de regards noirs, de blagues machistes et de compliments paternalistes.
Bon, au delà de l'image assez fort en burnes de ce Matrix sans aucun complexe, que l'on voit tout simplement tuer une centaine d'hommes à la M60 sans jamais viser un seul instant, on a quand même un film calibré pour samedi soir, une espèce de long-métrage de copains, tourné à la va-vite, avec une musique juste répétitive, balancée à tout moment dans le film, une Alyssa Milano qui a une foi inébranlable dans son papa et dont les lèvres s'ourlent d'un sourire inquiétant quand ce dernier dit qu'il ne repartira plus jamais en mission, un second rôle féminin qui hurle, panique mais sait conduire des hydravions et une armée régulière à la ramasse, qui n'intervient dans le film que pour nettoyer. Et Schwarzy, donc, imperturbable, qui casse absolument tout, à mains nues, serre les dents pour faire le méchant, sourit en montrant l'écart entre ses incisives pour faire le gentil et raconte à sa fille des histoires sur l'Autriche (hein quoi ?) pour passer le temps.
Ça s'apprécie avec des yeux ronds et de grands éclats de rire, ça, c'est clair.