Pierre Salvadori s'y entend pour créer des personnages originaux, attachants et drôles, sans avoir à forcer le trait. Après les tueurs hésitants de "Cible émouvante" et les sympathiques SDF des "Apprentis", cette comédie marque la rencontre entre une mythomane et un petit escroc minable, c'est-à-dire le rencontre entre une menteuse maladive et un menteur par intérêt.
De fait, "Comme elle respire" repose sur une relation de malentendus, une relation faussée par les mensonges de l'une et de l'autre. La situation prend un tour résolument cocasse lorsqu'Antoine, avec deux comparses aussi peu doués que lui (Jean-François Stévenin est très amusant avec sa physionomie d'halluciné) organise
le kidnapping de Jeanne parce que celle-ci a eu a mauvaise idée de se faire passer pour la fille de riches industriels.
Les péripéties du film et les portraits des personnages dévoilent une écriture intelligente, et Guillaume Depardieu et Marie Trintignant forment un couple savoureux. Le premier joue sur un registre essentiellement comique, en escroc un peu tendre et vite dépassé, la seconde amuse par ses insurmontables réflexes de mythomane. Cependant, Salvadori porte à Jeanne un intérêt supplémentaire en tentant de décrypter le comportement névrotique et erratique de la jeune femme. Le réalisateur glisse de subtils indices psychologiques. De sorte que la comédie se fait par moments plus sensible, parfois plus amère.
"Comme elle respire", malgré quelques longueurs lorsque Salvadori s'attarde inutilement sur certaines scènes, confirme le talent singulier du cinéaste.