Philippe Lesage est un grand cinéaste, il l'a notamment prouvé avec le formidable Genèse. Le problème est qu'il semble en être persuadé lui-même, une impression ressentie devant Comme le feu, qui reprend son sujet de prédilection, le récit d'apprentissage. A partir d'un souvenir d'adolescence, que lui a conté son frère, documentariste, le film confronte cette fois des jeunes gens à des adultes qui s'affrontent à fleurets pas toujours mouchetés, dans un esprit de compétition alourdi par son content de mesquineries et d'invectives qu génèrent de fortes tensions, en particulier pendant les repas. Le film se déroule au nord du Québec, au milieu des lacs et des forêts mais l'oxygène se raréfie très vite à mesure que les frustrations et les conflits s'exacerbent. Chasse, pêche et discussions : le programme est alléchant mais Lesage étire certaines scènes à l'envi (la durée globale de 2 heures 40 est excessive), tire un peu trop sur les ficelles du symbolisme, néglige un certain nombre de ses personnages et finit par ennuyer avec cet entre-soi épuisant. Et puis, le film manque d'humour, une quasi anomalie dans le cinéma québecois, et ne saurait par conséquent se comparer aux œuvres de Denys Arcand. En revanche, l'interprétation, en tous cas pour les rôles principaux, est impeccable. S'il ne fallait citer qu'un seul acteur, ce serait Arieh Worthalter, presque aussi fascinant que dans Le procès Goldman.