Sorti au Japon en 2022 "Mondays: See You 'This' Week!" semblait déjà enfermé dans une sorte de boucle qui l'empêchait de s'affranchir de sa temporalité pour arriver jusqu'à nous. Apparu finalement sur nos écrans deux ans plus tard, le film de Ryo Takebayashi est devenu un (petit) phénomène, à l'inventivité est quasi unanimement et érigé déjà en référence immédiate des réflexions sur les boucles temporelles au cinéma à ranger aux côtés des désormais classiques "Edge of tomorrow" ou "Un jour sans fin" ...
Pourtant à bien y regarder, la reproduction de scènes identiques qui semble la seule issue pour illustrer ce qui est désormais un genre, peut également apparaitre comme une facilité scénaristique, l'expression d'une paresse cinématographique : une fois la trame (la situation itérative) établie, la seule inconnue réside dans l'identification (et la correction) de l'élément à l'origine de la boucle.
Certes, la trame de "Comme un lundi" (la répétition d'une semaine de travail dans une petite agence de pub) n'est pas pleinement figée et l'arrière-plan évolue. Les collaborateurs, à la suite de l'ambitieuse Yoshikawa prennent tour à tour conscience de leur enfermement et de fausses pistes (une phrase répétée, un pigeon « maladroit »…) en véritables indices, l'"enquête" tient en haleine, mais la redondance, lasse rapidement et chaque réveil lunaire de notre héroïne (elle a passé une partie du Week-end au bureau) devient un pur moment d'angoisse pour celui qui n'a pas été emporté dans la timide dynamique: dieu que le ces quatre-vingt minutes paraissent longues, malgré la bonne volonté manifeste du réalisateur et probablement des acteurs.
Les limites du propos sont d'ailleurs résumées dans cette interview de Takebayashi : « En 2020, le scénariste, Saeri Natsuo, et moi-même, travaillions pour Chocolate Inc, une entreprise de production de contenus,. Un nombre important d’employés venaient initialement d’agences de communication. Chaque année, notre patron lançait sur les réseaux sociaux le même message : “ Cette année, nous allons faire quelque chose d’extraordinaire ! ” Un membre de l’entreprise a émis la théorie qu’il était en fait dans une boucle temporelle. Cette petite conversation interne est à l’origine de l’idée originale et nous avons décidé d’en faire un projet de court métrage. Nous avions des moyens limités et avons alors décidé de faire un film de boucle temporelle qui pourrait être réalisé dans une unique pièce. »
La fin, séduisante conclue (et c'est heureux) "Comme un Lundi" sur une bonne note transformant le brouillon en une sorte de fable à la lisière du "Feel good movie", confirmant à sa manière la rédemption d'une héroïne égocentrique,
mais l'impression de "trop peu" qui se dégage de l'ensemble et le manque d'empathie que l'on peut éprouver pour des personnages insuffisamment développés ont déjà apposé leur empreinte...