Une plongée comique dans l'aliénation au travail

Des employés d'une petite agence de publicité japonaise se retrouvent coincés dans une boucle temporelle... Ils revivent la même semaine de travail chaque semaine! Ils doivent réaliser une campagne de pub pour une soupe Miso qui, grâce à des cachets qu'on verserait dedans, deviendrait effervescente, Misoffervescente! Cependant, les employés ne se rendent compte que lentement de ce qui leur arrive, c'est sûrement parce que le réalisateur, Ryo Takebayashi, veut évoquer le caractère aliénant du travail au sens de Marx, l'individu qui travaille est dépossédé de ce qui le caractérise spécifiquement en tant que personne.

Cependant, il faut noter que Takebayashi ne va pas aussi loin que Marx et aborde la souffrance au travail de manière assez comique, et sans critique systémique du système capitaliste. Ce qui est critiqué dans le film, c'est que le fait de réaliser une campagne de pub pour une soupe Miso effervescente semble ne servir à rien parce qu'il s'agit d'un produit inutile. Le problème est donc l'absence de sens.

La résolution du film se trouve alors dans la quête d'une activité qui a du sens, en l'occurrence aider le chef de la boite, Makita Sports (Shigeru Nagahisa), à réaliser son rêve de reprendre du service en tant que mangaka. Ainsi, l'ensemble de l'équipe décide d'arrêter son travail quotidien pour aider leur boss à finir son manga.

Une des forces de ce film c'est d'arriver à recréer une atmosphère stressante que beaucoup de gens connaissent au travail, je crois qu'on est beaucoup à pouvoir s'identifier relativement facilement à la pression énorme que subit la personnage principale Wan Marui (Akemi Yoshikawa). Ça doit d'ailleurs être un contexte professionnel encore plus tendu au Japon.

Cependant, ce film n'est pas particulièrement mémorable. C'est un moment plutôt agréable à passer, cependant si vous vous intéressez à la question de l'exploitation au travail, je vous invite à regarder des oeuvres qui traitent la question en profondeur comme Le cuirassé Potemkine (1925) de Sergueï Eisenstein.

Je ne m'attarde pas sur la question de l'enquête pour découvrir les causes à l'origine de la boucle temporelle, parce qu'il n'y a pas grand chose à en dire je trouve. Ça a l'intérêt de se réinventer par rapport à la boucle temporelle d'Un jour sans fin (1993) d'Harold Ramis où Bill Murray cherchait à proviter des avantages de la situation, alors que là les protagonistes essaient d'endiguer le phénomène (sans pour autant quitter leur lieu de travail). Néanmoins c'est un peu confus.

Créée

le 15 juil. 2024

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Vincent Engel

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