Le poncif de la boucle temporelle est tellement sur-usé que ca aurait pu se casser la gueule. Mais dans Comme un lundi, premier long-métrage de Ryo Takebayashi, l'idée est assez bien exploitée : elle permet une réutilisation des rush astucieuse pour un film à petit budget.
Le problème, c'est que le concept s'essouffle un peu vite : au bout d'un moment, mobiliser un peu d'action aurait amené une rupture avec les images habituelles montrées tout au long du film. Si on peut y voir un parallèle évident avec le rapport que la société japonaise entretient au travail, il s'agit seulement d'une inspiration qui ne servira aucune espèce de rébellion. De ce fait, il y a quelques incohérences, sûrement à placer sur le ressort comique ; par exemple, il aurait suffit de ramener les objets de valeur chez soi pour qu'ils ne soient pas détruits par la boucle, au lieu de tout refaire...en boucle.
La morale est à son tour discutable, car on en découvre davantage sur la vie du patron que sur celle des protagonistes ; seuls ses affects sont mit en lumière, ce qui donne l'impression d'un réel endoctrinement des employés. Une lecture plus légère et naïve consisterait à dire qu'ils ont laissé de côté leur persona du travail pour endosser un rôle de solidarité "plus humain". Ceci étant dit, cela profite toujours au plus haut de la hiérarchie. Au final, Akemi ne peut pas réaliser ses propres rêves d'ambition, puisque le patron se met en travers de sa route en décidant toujours à sa place. Mise à part ce problème de rythme et cet écart culturel/politique certain dans l'approche du travail, cette comédie sans prétention tient ses promesses en restant agréable à regarder. 6/10