Après la province dans "Le goût des autres", Agnès Jaoui s'attache à dépeindre un autre milieu dans "Comme une image", à savoir une certaine intelligentsia parisienne. Et le moins que l'on puisse dire est qu'elle y met beaucoup, mais vraiment beaucoup moins de tendresse...mais tout autant de finesse. Avec un excellent scénario, qui nous distille par petites touches une galerie de portraits tout à fait convaincante.
Comédie de mœurs au vitriol, ce film n'épargne quasiment aucun de ses personnages. On en vient à se dire en définitive, que la seule qui fasse montre d'un tant soi peu de qualités humaines est Karine (la femme du personnage incarné par Bacri), archétype de jolie potiche blonde au foyer, qui s'intéresse essentiellement au shopping et à ses régimes. Et pourtant, à travers quelques unes de ses répliques, d'ailleurs habilement glissées en fin de scénario, on perçoit nettement chez elle une certaine grandeur d'âme et une vraie capacité d'empathie.
C'est dire si tous les autres sont répugnants. Ils sont magistralement interprétés par des acteurs en pleine forme : Bacri - en écrivain à succès égocentrique - nous sort un de ses meilleurs rôles (et confirme qu'il peut faire bien mieux que jouer les hypocondriaques aigris), Jaoui est parfaite en prof de chant coincée aux faux airs de NKM. Marylou Berry est quant à elle très convaincante en gosse de riche capricieuse et complexée.
Et si la bande son peut s'avérer un peu crispante pour qui n'aime que le rock'n'roll, elle se fond parfaitement dans le film.