Il y a quelques temps de ça, autour d'une table et d'un verre de vin, on parlait cinéma. Une fois n'est pas coutume, le poncif "le cinéma français, mis à part des comédies et des drames, c'est mauvais !" revient... Sempiternelle ritournelle, si erronée !
Je ne vais pas dire que les films français ou francophones qui offrent du grand spectacle, j'entends par là actions et effets spéciaux en série, sont nombreux. Mais ils existent et ils existent avec brio. Loin de moi l'idée de dresser une liste, il me suffira d'évoquer le dernier en date qui, pandémie oblige, a renié les salles obscures pour débarquer sur Netflix. J'ai nommé, Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal.
En quelques mots, Moreau et Schaltzmann, deux lieutenants de police, enquêtent sur un mystérieux et dangereux trafic de drogue d'un nouveau genre, puisqu'il confère à celui qui la consomme des super-pouvoirs. Dans une société où les surhumains font partie du quotidien, Moreau va faire appel à ses anciens alliés super-héros, Monte Carlo et Calista, pour venir à bout de son enquête.
Donc oui, un frenchy ose bel et bien le film de super-héros avec super-pouvoirs, super-responsabilités et super-casting, premier point fort du film. On retrouve ainsi Pio Marmaï, Benoît Poelvoorde, Leila Bekhti, Swann Arlaud, Vimala Pons et Clovis Cornillac. Ça en fait du beau monde !
Autre point fort, le visuel. Les effets spéciaux tiennent la route et s'insèrent parfaitement dans un décor concret où tout n'est pas tourné sur fond vert, et c'est appréciable. Les scènes d'action et de combat sont bien calibrées, même si elles n'abondent pas. Est-ce une tare d'ailleurs ?
Enfin, l'intention du scénario de "normaliser" ou plutôt d'humaniser les super-héros est vraiment ce qui porte l'ensemble, parce qu'on accède, à mon sens, à une part peu explorée du genre dans ce que nous en livre Hollywood, à savoir la psychologie. Chaque personnage, à travers cette enquête, va devoir affronter ses démons humains, ses craintes, ses désillusions, ses faiblesses et faire des choix, bons ou mauvais. En ça, le cinéma français apporte un réel supplément au genre, là ou le MCU and co mise sur le très grand spectacle, au risque d'occulter la pensée.
Douglas Attal, pour son premier film en tant que réalisateur, prend donc le pari ambitieux de montrer que nous pouvons et savons faire autre chose que de la comédie potache ou du drame larmoyant. Évidemment, tout n'est pas parfait, mais c'est suffisamment bien conçu pour en être digne d'intérêt et ouvrir la voie aux autres.