J'ai revu avec un grand plaisir cette comédie semi dramatique on va dire, car il y a plus de drôlerie que de drame ; c'est un film très féministe pour son époque de réalisation, surtout aux Etats-Unis, où misogynie et sexisme sont d'un autre temps, et ça passe superbement le temps parce que c'est tourné en comédie, car on peut dire beaucoup de vérités et de choses sérieuses en adoptant le point de vue du rire. Ce qui est formidable, c'est que ce n'est jamais lourd ni vulgaire, Colin Higgins ayant su trouver la juste dose, avec quiproquos, comique de situation et gags légers qui meublent le film sans jamais verser dans la caricature. Certaines scènes sont d'une drôlerie irrésistible, d'autres sont peu crédibles ou incroyables, et il serait impossible de les montrer de nos jours sous peine de déclencher un ouragan de la part de metoo.
Le film repose presque essentiellement sur son trio d'actrices, elles sont formidables chacune dans leur style, mais elles sont encore meilleures quand elles sont solidaires et soudées face à un chef manipulateur, opportuniste et foncièrement misogyne, incarné avec un grand brio par Dabney Coleman qui joue le "méchant" si on peut dire et qui sert de faire-valoir au trio vedette. Ce trio donne une image loufoque mais souvent subtile de la "working girl", en reflétant bien la mentalité du monde des secrétaires d'entreprises, et je crois que cette image et cette mentalité sont toujours d'actualité, on en a eu une idée intéressante aussi dans le film Working Girl en 1988 où Melanie Griffith était une secrétaire maline face à un Harrison Ford macho et une Sigourney Weaver en patronne impitoyable. Jane Fonda abordait la comédie après une longue parenthèse politique de militante, Dolly Parton, ultra célèbre aux USA par sa carrière de chanteuse country, abordait pour la première fois le cinéma, et s'en sort fort bien, elle en profite pour chanter la chanson du générique, "Nine to Five" ; on connait moins Lily Tomlin, aperçue dans Nashville d'Altman et donnant la réplique à John Travolta dans le Temps d'une romance. Dans le reste du casting, on aperçoit Henry Jones en chef de section, et surtout Sterling Hayden dans le rôle du big boss de l'entreprise qui livre un numéro savoureux à la fin.
A noter que le gros succès de ce film a engendré une adaptation en série en 1982 (avec un autre casting), et une démarcation en France avec la sitcom Vivement lundi en 1988.