"Drive My Car" vs "Compartiment N°6"
Si le cousinage n'est pas palpable dans un premier temps il s'impose pourtant petit à petit de manière évidente tant ces deux films distingués cette année à Cannes racontent en réalité la même chose : comment une situation contrainte, un enfermement physique, va obliger deux êtres que tout oppose à se rapprocher.
Dans les deux cas la communication présentée comme impossible va advenir par petites touches, des heurts, des confessions, mais surtout de la durée, concrète chez Ryusuke Hamaguchi puisqu'il nous embarque pour trois heures, symbolisée par le voyage et donc les kilomètres, les étapes, chez Juho Kuosmanen. Le véhicule, à tous les sens du terme, sera donc le moyen de transport de la parole elle-même, celle-ci circulera en symbiose avec une Saab ou un train, le lieu dont les protagonistes auraient voulu s'échapper deviendra le lieu de la libération.
Autres points communs : les protagonistes ne font pas plus d'efforts pour se montrer sympathiques auprès du spectateur qu'auprès de leur compagnon de route respectif, ils baisseront certes la garde mais sans que le scénario n'ait recours à un quelconque sentimentalisme, à des péripéties faciles. Aucune facilité donc, ce qui exigera dans les deux cas un effort de la part de celui qui regarde, un lâcher-prise.
Mais attention qui dit similitudes ne dit pas gémellité, la mise en parallèle que je viens d'effectuer paraitra certainement saugrenue à certains, d'autant que dans la forme les deux propositions n'ont rien à voir. D'un côté l'élégance et la douceur de la mise en scène, de l'autre c'est heurté, ça ne chouchoute pas la rétine. Deux salles deux ambiances, mais une certitude : tant que le cinéma parviendra à rendre un morceau de Desireless déchirant je continuerai à voyager avec lui. Loin, très loin...