Festival de crâne

De passage à Madrid pour voir ma sœur et conscient que je ne verrais pas autant de films cette semaine que d’habitude, je me précipite au cinéma. Souhaitant voir un film espagnol et ayant envie de voir une bonne comédie (après le faiblard ‘Murder Party’ et le navrant ‘Alors on danse’), je me précipite sur ‘Competencia oficial’ car l’affiche était alléchante (Pénélope Cruz et Antonio Banderas). Mon instinct ne m’a pas déçu car j’ai vu une comédie plaisante et intéressante visuellement (ce qui est assez rare pour une comédie).

Que raconte le film ? Un riche homme d'affaires engage une cinéaste célèbre pour l'aider à réaliser un film à succès. La cinéaste (Pénélope Cruz) souhaite mettre en scène l’histoire d’une rivalité entre deux frères que tout oppose. Le film suivra la préparation de ce film selon les délires de la metteuse en scène et l’égos des deux comédiens.

‘Competencia oficial’ est une satire du milieu du cinéma : ses projets excessivement auteuristes et mégalos, ces égos. Mais c’est avant tout une comédie basée sur les caractères. Les personnages des deux acteurs sont basés sur le principe classique mais efficace des oppositions. L’un est un acteur de théâtre sobre, qui aime répéter, savoir son texte au cordeau, visser son interprétation (Oscar Martinez). L’autre est un acteur dans le show permanent, plus dans la spontanéité et dans l’instinctif (Antonio Banderas en jouissive caricature de lui-même). Ce schéma comique déjà-vu marche ici parfaitement. Ajoutons également la délirante metteuse en scène intello, dont l’exagération du caractère a été poussée au (quasi-)maximum pour notre plus grand bonheur.

Ce qui m’a le plus agréablement surpris, c’est la plutôt bonne qualité visuelle du film. Le duo a choisi de filmer 90% du film dans un décor gigantesque, moderne et de minimiser le nombre de personnages. Pour 90% du film, il n’y a que cinq personnages à l’écran. Ce contraste sert évidemment à montrer la mégalomanie du projet et de sa metteuse en scène. Les metteurs en scène multiplient les plans larges, ici particulièrement efficaces pour créer un comique de décalage.

Le dispositif du film est assez simple. En plus des plans larges, les réalisateurs utilisent à bon escient les champs-contrechamps pour rythmer les scènes de dialogues à deux. Voir la scène ou la réalisatrice parle du projet du film au financier et où ce dernier est surpris et où sa mine se déconfit face à la proposition surprenante de la réalisatrice. Il faut dire que Pénélope Cruz est assez hilarante dans son rôle. Je l’ai toujours trouvé très talentueuse et je l’avais rarement vue exploiter son tempérament comique dans de bonnes comédies.

Mis à part une légère baisse de tension, au début du deuxième tiers, contrebalancée par une amusante pirouette scénaristique, ‘Competencia oficial’ est une divertissante satire du cinéma d’auteur qui se regarde avec plaisir.