Quand celui qui incarna Valmont et Mr Hyde s’offre une virée française pour ramener à la vie un sublime manoir breton et ses occupants, “L’objet” s’intitule “Complétement cramé” et l’acteur principal comme vous l’aurez compris n’est rien d’autre que l’immense John Malkovich. Pour se faire, Gilles Legardinier reprend à son compte son propre roman pour l’adapter en live. Veuf depuis bientôt quatre mois, Andrew Blake (Malkovich), élu entrepreneur de l’année à Londres, décide de quitter la capitale britannique pour la France et plus particulièrement, le domaine de Beauvillier. C'est dans cette demeure, que l’histoire d’amour d’avec son épouse, a vu le jour quarante ans auparavant. Arrivé sur le site, Andrew reçoit un accueil plutôt tiède de la part de Madame Odile (Emilie Dequenne), l’intendante de la maison. Alors que dans sa mémoire, Andrew pensait revenir dans une maison de vacances, Odile le prend pour un domestique Anglais ayant répondu à une annonce d’emploi qu’elle avait postée récemment sur Internet. Un quiproquo heureux - comme un coup de pouce du destin - va permettre à Andrew de rester quelque temps entre les murs et dans le parc de ses souvenirs heureux. Le deal étant qu’il devienne - pour une période d’essai - le majordome de Madame Nathalie Beauvillier (Fanny Ardant). Il suffit d’un John Malkovich solaire et parfois bien cramé (comme le reste des personnages d’ailleurs), pour illuminer ce long-métrage des plus plaisants. Dans un décorum unique et somptueux plutôt propice - dans l’imaginaire collectif - aux délires de la bourgeoisie chabrolienne ou aux intrigues policières dignes d’Agatha Christie, Gilles Legardinier nous livre un récit intimiste, bourré d’humour et d’émotion, sur le deuil et la reconstruction. L’acteur américain de 70 ans nous régale de sa prose incisive et de son phrasé unique dans un Français intimidant ! Ses joutes verbales avec Philippe (Philippe Bas), l’homme à tout faire et jardinier du domaine (en mode “L’Amant de Lady Chatterley”, la libido en moins), sont irrésistibles, sans parler des dialogues avec Emilie Dequenne et Fanny Ardant, toutes les deux éblouissantes. N’oublions pas Méphisto, le chat de la propriété…