Le film (littéralement, avec la vie ils ont fait du feu) est l’adaptation du roman éponyme (1943) de Jesús Evaristo CASARIEGO (1912-1990) dont c’était le 7e livre à 31 ans. Originaire des Asturies (entre La Galice à l’ouest et la Cantabrie à l’est) où se déroule le film, il était hostile à la 2nde République, tendance Carliste, c’est-à-dire monarchiste traditionnaliste. C’est pourquoi, il ne faut pas juger le film avec nos yeux du XXIe s car on le trouve alors démodé, passéiste voire réactionnaire. Il faut le situer dans son contexte, celui de l’après-guerre civile (qui dura de 1936 à 1939, provoquant 500 000 morts dans les 2 camps, Républicains et Nationalistes et 300 000 réfugiés) et du régime franquiste qui dura jusqu’à la mort du général Francisco Franco, le 20 novembre 1975 à 83 ans. Le film n’est pas vraiment politique, relatant plus les faits (certes plutôt favorables aux Franquistes, avec l’épisode, grotesque avec le recul, de récupération du grand crucifix en bois par des pêcheurs et son transfert en chaloupe sous la mitraille des communistes, scènes où les raccords sont aléatoires, ne sachant pas si cela se déroule la nuit ou en fin de soirée) mais il traite de problèmes générationnels, ceux qui ont vécu la guerre civile et leurs enfants, qui pensent différemment. Certes, on est loin des mélodrames de Douglas Sirk (1897-1987) mais la réalisatrice montre bien l’aliénation des personnages : Francisco dit Quico (Georges RIGAUD, né en Argentine, à la carrière internationale), commandant dans la marine espagnole, qui recherche, en vain, la femme idéale, après la mort de sa fiancée Beatriz, fusillée par les Républicains, et son retour d’Amérique en Asturies, 15 après, à Ferrera (près de Gigón) et Armandina (jouée par la réalisatrice), qui se complait dans le deuil de son mari républicain, Rafael, mort lui aussi, à Malaga pendant la guerre civile et dont elle a un fils, Falin, amoureux de la fille d’un pêcheur.

bougnat44
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le 8 avr. 2024

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