Si on peut pardonner la première scène, d'un ridicule achevé, grâce aux séquences plutôt réussies montrant Conan enfant, le montage à la truelle, le sexisme écœurant du film et le scénario indigent font vite sombrer ce qui aurait pu être un sympathique nanar dans les abysses de la nullité cinématographique.
Pourtant, les costumes sont remarquablement réussis et Jason Momoa campe un Conan plus félin, rusé et vif, bref plus proche du héros de Howard, que le monolithique Schwarzenegger.
Mais à aucun moment les tâcherons qui œuvrent derrière la caméra et le synthé ne parviennent à apporter le moindre souffle épique à cet enchaînement mal maîtrisé des poncifs de l'heroic fantasy.
Au-delà de tout cela cependant, ce qui m'a le plus déçu est la genèse du personnage : là où le Conan de John Millius devenait le célèbre barbare par la force de sa volonté, sa rage de vivre et son refus inébranlable de plier devant ses oppresseurs, celui de Nispel est simplement "né pour la bataille". Ce ne sont plus son bon sens de "barbare", sa ténacité et sa détermination hors du commun qui lui permettent de s'affranchir des limites imposées aux hommes "civilisés", mais uniquement une force innée, un talent mystique pour le combat. Et le farouche héros, qui s'était forgé seul à travers les épreuves et les souffrances, devient ici un banal tueur qui ne triomphe que parce qu'il a été créé supérieur à ses adversaires.
En cela, même si ses postures et ses mouvements sont plus proches de ceux décrits par Howard, ce Conan moderne est bien plus éloigné de l'essence du personnage fondateur de l'heroic fantasy que celui créé autrefois par John Milius et Oliver Stone.
P.S. : Mention spéciale aux dents ultra-bright des barbares cimmériens.