Entre les sombres années où les océans engloutirent l'Atlantide et le règne éclatants des fils d'Arius, il ft un âge oublié, perdu dans la mémoire des peuples, ou des royaumes fabuleux se disputèrent le monde. Alors, parut Conan, le Cimmérien, avec son glaive redoutable. Et moi, son chantre et chroniqueur, je connais toute sa saga. Laissez moi maintenant vous conter ces heures d'aventures sans pareilles.
Après le chef-d'œuvre inespéré de l'épopée mythique fantastique du cinéaste John Milius : « Conan le barbare », librement adapté de l'œuvre littéraire culte de Robert E. Howard, une suite voit le jour avec « Conan le destructeur », réalisé cette fois-ci par Richard Fleischer, qui va livrer un second opus qui sur aucun point n'est supérieur au long-métrage original. Une héroïc fantasy made in Donjons et Dragons qui appuie davantage sur l'angle fantastique de son récit avec des magiciens et autres sorcelleries dans une forme terriblement ringarde usant de tous les clichés les plus basiques autant dans le fond que la forme. Une quête cousue de gros fils rouge vif durant laquelle, une princesse vierge et inexpérimentée est escortée par un groupe de héros composé d'un puissant chevalier, un vieux sorcier, un voleur farceur et un guerrier taciturne (le traître !), afin de partir à la recherche d'un mystérieux MacGuffin (un diamant), qui doit conduire à un autre MacGuffin plus conséquent (une corne magique), avec des accès de niveau symbolisés par des portes coulissantes s'ouvrant sur un boss de niveau qu'il va falloir vaincre pour ouvrir une nouvelle porte et avancer, jusqu'à arriver au boss de fin : un dieu démoniaque prisonnier revenant dans le monde des vivants grâce au MacGuffin pour détruire l'humanité.
Un scénario vu d'innombrables fois qui tombe dans une conception purement hollywoodienne. Une bonne dose de comédie s'invite, se diluant dans une petite touche de violence et le tout sans aucune touche d'érotisme, ni la moindre scène de sexe, ou l'ombre d'une fesse ou encore d'un téton. Les dialogues perdent également en citations cultes à travers une narration qui laisse davantage de places aux verbes pour moins d'intensité. Des répliques bien moins tranchantes et percutantes ! En gros, du Conan made in blockbuster tout public ! Un bouleversement qui fait mal à tous les niveaux, surtout lorsqu'on enchaîne l'opus de Fleischer juste après l'œuvre de Milius. Pourtant, malgré sa stupidité et sa ringardise apparente, Conan le destructeur se positionne comme un film divertissant qui certes en comparaison de son aîné fait pâle figure, mais qui en matière de divertissement reste potable et correct.
Seules les scènes de combat à l'épée gagnent en efficacité avec des confrontations percutantes mais qui malheureusement perdent en gore. Étonnamment, les meilleurs affrontements se font contre les gardes de la reine Taramis durant la scène d'ouverture, ou encore lors de la confrontation entre Conan et un garde lambda à cheval, juste après la prise du premier MacGuffin, qui va aboutir à un superbe combat. Le duel entre Conan et le géant Bombaata est sympathique bien qu'on ait pu en espérer mieux. Les affrontements fantastiques du Cimmérien sont d'un grotesque sans nom et c'est bien dommage car le potentiel est là. Entre un sorcier dans une salle de miroir avec sa tête de démon rouge plastifiée aux traits figés, et le Dieu démon rêveur Dagoth tout en caoutchouc qui n'aurait même pas servi pour un épisode de Bioman, on peut dire qu'on n'est pas gâté. Je me demande pourquoi Fleischer s'est emmerdé avec de tels concepts qui sont d'un burlesque loufoque et caricatural alors qu'avec plus simple il aurait pu faire bien plus crédible, pratique et mieux. Même constat pour les effets pratiques avec des décors très pauvres qui s'essayent à quelques innovations durant l'exploration du château du sorcier, mais qui restent d'un niveau inférieur avec des conceptions colorées flashi dégueulasses. Même la composition musicale si parfaite et épique de Basil Poledouris vient à perdre de sa grandeur atmosphérique palpitante avec son puissant lyrisme pour une relecture bien moins riche et impactante. Que c'est triste !
Conan :
- Je veux trouver mon royaume, je veux trouver ma reine.
Arnold Schwarzenegger sous les traits du Cimmérien semble encore plus massif et imposant. Manipulant son épée avec une dextérité barbare sans pareille, on prend plaisir à le retrouver dans une mouvance psychologique moins sauvage et plus ouvert aux autres, se permettant plusieurs scènes d'humour qui m'ont amusé (celle où il est ivre) et qui montre qu'à côté de ses amies le barbare s'attendrit. Une évolution dramatique pour le meilleur ou pour le pire, je dois reconnaître que je me pose encore la question. Un Conan guidé par l'amour de sa défunte Valéria.
Princesse Jehnna :
- Chaque jeu a ses règles et il faut les suivre.
Olivia d'Abo en tant que nièce de l'antagoniste principale est une victime fragile, simplette et novice dans tous les domaines. Aux antipodes de ce que fut Sandhal Bergman en tant que Valéria, la comédienne fait pâle figure face à Arnold Schwarzenegger.
Malak :
- Qu'est-ce qu'il ferait sans moi.
Tracey Walter en tant que Malak, voleur moronicien, est l'idiot, trouillard comique par excellence du récit. Une version branlante de Subotaï par Gerry Lopez qui manque cruellement.
Akiro, le Sorcier :
- Il y a un meilleur moyen de tuer un magicien... Moi.
Avec Arnold Schwarzenegger, Makoto Iwamasu est le seul à retrouver son personnage initial, celui d'un sorcier grabataire sympathique qui assume davantage ses pouvoirs magiques.
Zula :
- Je jure solennellement que si Conan me permet de le suivre, il aura droit de vie et de mort sur moi.
Grace Jones en tant que Zula est une excellente surprise ! Une guerrière dynamique experte dans la manipulation du bâton. Une véritable tigresse qui régulièrement enflamme le récit de sa fureur animale. Un excellent personnage féminin qui cadre parfaitement avec son environnement austère.
Bombaata :
- Pourquoi ?
- J'ai cru que tu voulais faire du mal à Jehnna.
Le basketteur Wilt Chamberlain en tant que Bombaata, le garde du corps de Jehnna, est impressionnant de par sa taille importante qui en comparaison laisse apparaître tout petit Schwarzenegger lui-même. En tant qu'acteur, il s'en sort pas si mal pour le rôle bourrin qu'il est censé incarner et qui cadre parfaitement avec l'histoire.
Sarah Douglas :
- Sais-tu qui je suis ?
- Taramis.
- La reine Taramis.
- Tu n'es pas ma reine.
Sarah Douglas en tant qu'antagoniste principale sous les traits de la Reine maléfique Taramis est anecdotique. Passer de Thulsa Doom par l'incroyable James Earl Jones à Taramis, ça calme pas mal. Et l'incursion en fin de film du Dieu maléfique Dagoth à l'apparence grotesque n'aide en rien à améliorer ce triste constat.
CONCLUSION :
Conan le destructeur réalisé par Richard Fleischer est une suite en tout point inférieure au film phare de John Milius tiré librement de l'œuvre littéraire culte de Robert E. Howard. Une œuvre fantastique d'héroïc fantasy qui perd de sa richesse et de son authenticité pour devenir un blockbuster grand public certes divertissant, mais orphelin de ses nombreuses qualités techniques et dramatiques. Un bestiaire de personnages emblématiques qui fait ce qu'il peut pour se renouveler pour une histoire imparfaite où l'humour se mêle au grotesque et l'épique au conventionnel. Un rendu global imparfait qui livre un spectacle passablement réjouissant. Un résultat dont on peut se contenter mais qui verse dans le service minimum en comparaison de l'original.
Sympathique et décevant à la fois !
Valéria était perdue à jamais maintenant. Et Conan la pleura. Le temps passa et enfin Conan se remit à chercher l'aventure à travers pleines et monts lointains. Et ses pieds foulèrent le sol de riches royaumes débordant de merveilles. Jusqu'au jour, où enfin, il trouva son propre royaume et couronna son front encore lourd de peines. Mais ceci est une autre histoire...