Relecture au féminin du mythe de Conan le Barbare, Bertrand Mandico repousse les limites de sa folie créative dans son nouvel essai.
Récit fantasmagorique en 6 chapitres retraçant la vie de Conann à des âges différents de sa vie, Mandico puise à la source du personnage de Conann dans la mythologique celte afin de livrer sa version libre du mythe, à la fois punk, underground et hallucinatoire.
Tourné en 35mm, CONANN est un flamboyant spectacle de théâtre, une succession de tableaux acidulés où Conann, la protagoniste sanguinaire est guidée dans sa quête à travers les âges et les époques par le chien des Enfers : Rainer, sublime réincarnation canine de l’idole de Mandico : Rainer Werner Fassbinder.
CONANN est un voyage halluciné empli de fatalité, c’est avant tout l’errance d’une guerrière qui doit faire face à l’amour, à la cruauté et à la perversion du monde.
Un film de dark fantasy sensoriel où Mandico comme à son habitude délivre un exercice de style spectaculaire : surimpression, longs travellings, mise en abyme, un noir et blanc expérimental exquis, des effets visuels artisanales toujours aussi déments, les rares passages en couleur sont d’une beauté rare… CONANN est teinté d’un charme visuel qui émerveille la rétine.
CONANN est une odyssée de fantasy, une traversée des enfers à l’esthétique singulière où le noir et blanc adoucit la violence et la barbarie du récit et avec ce troisième film, Bertrand Mandico prouve qu’il est avant tout un expérimentateur du cinéma, un faiseur d’image comme on en voit rarement dans le cinéma français actuel. Un cinéaste dont la volonté est de cristalliser sur une pellicule : son imaginaire.
À la manière d’un Lynch, d’un Jodorowsky ou encore d’un Cocteau, le cinéma de Mandico est une ouverture vers un autre monde où il faut simplement se laisser emporter.