Conclave
6.7
Conclave

Film de Edward Berger (2024)

Je ne savais pas du tout quoi attendre de ce Conclave, n'ayant vu ni bande-annonce, ni aucun film d'Edward Berger. Le résumé m'avait préparé à des assemblées de vieillards qui respirent trop fort, des magouilles politiques maquillées en considérations théurgiques, et de tonitruantes révélations au fil des rebondissements d'un film d'enquête sobre et austère.


C'est exactement ce à quoi j'ai eu droit, et ça fait de Conclave un film solide, qui traite son sujet avec sérieux et sincérité, mais qui ne m'a jamais vraiment emporté ni surpris. À ce titre, je ne me verrais ni le revoir ni le recommander, mais je suis loin d'avoir passé un mauvais moment. Il Lui manque un petit quelque chose, un supplément d'âme, si j'ose dire.


"Solide" est réellement l'adjectif le plus flatteur que je pourrais lui attribuer, tant tout m'y a semblé un peu trop scolaire : La réal et la photo sont sympa, avec quelques jolis plans, mais rien qui vous fera écarquiller les yeux, le casting est efficace, le film est correctement écrit et rythmé et la musique existe.


En revanche, on n'y ressent pas grand-chose : les relations entre personnages ne sont qu'ébauchées et on a le temps de s'attacher à personne, les enjeux ne m'ont pas spécialement touché, les trahisons et retournements de situation s'enchaînent à un rythme tranquille, et la révélation finale m'en a touché une sans faire bouger l'autre, car je ne suis sûrement pas assez Chrétien pour en mesurer l'ampleur.


En revanche, j'ai apprécié le sous-texte progressiste du film qui ne manque pas une occasion de désacraliser les cardinaux - qui ne sont que des hommes - et la misogynie galopante de toute cette mascarade, car... ce ne sont que des hommes.

Bah oui, c'est l'Église Catholique, pas le comité de diversité et d'inclusion. La plupart de ces vieillards sont des mâles blancs, et les seules femmes que l'on voit à l'écran existent pour les servir, les nourrir ou nettoyer leurs pots de chambre. L'air de rien, le film s'attarde sur ces femmes de l'ombre et leur donne ainsi une voix, même si l'intrigue reste naturellement portée par ce conclave d'oligarques grabataires.

Ezhaac
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