Une certaine frange de la production cinématographique sud-coréenne, celle de tous les excès de générosité permis, a ceci de délicat que ses films semblent parfois incapables de la canaliser par un script solide. Le foisonnement baroque des idées, des genres et des péripéties qui les animent débordent du cadre et débouchent sur un chaos mal maîtrisé, donnant une frustrante sensation d'inachèvement malgré leur indéniable qualité divertissante. Concrete Utopia est une parfaite représentation de ce dilemme. Satire politique, film catastrophe, thriller à suspense et survival movie... le film revêt trop d'identités à la fois et ne sait jamais sur quel pied danser. Si la maîtrise à l'œuvre dans chaque registre pris séparément force le respect et est source d'un plaisir non feint, difficile de se dissocier de cette sensation latente de dysharmonie thématique. Cette dernière est accentuée par le fait que chacun de ces blocs hétérogènes sous-tend une piste narrative distincte, qui ne trouvera en conséquence jamais suivi et conclusion satisfaisants.