Auteur de comics, Woody Wilkins (Michael Crawford) se fait recruter par un ami qui appartient à la CIA (James Hampton) pour livrer un colis à Istanbul, ce qu’il fait sous le nom de code « Condorman », reprenant le nom d’un personnage de ses comics. Il y fait la connaissance de la belle Natalia (Barbara Carrera), agent du KGB dont il tombe immédiatement amoureux. Plus tard, cette dernière décide de passer à l’Ouest, mais à une condition : que l’agent qui s’en charge soit Condorman.
Que les studios Disney s’attaquent au film de super-héros mâtiné de thriller géopolitique sur fond de Guerre froide a tout pour effrayer, surtout à l’époque où leurs productions ne brillent guère par la qualité de leurs effets spéciaux. Et pourtant, avec Condorman, les studios aux grandes oreilles nous offrent, non pas un film de super-héros au sens traditionnel du terme, mais un savoureux pastiche de James Bond.
S’adressant à un public plus familial que la saga britannique, le film de Charles Jarrott parvient à rassembler tous les âges en jouant à la fois sur le plan de l’humour et celui de l’action. Ainsi, les plus jeunes pourront rire aux mésaventures d’un apprenti espion involontaire tandis que les plus âgés pourront s’étonner et s’émerveiller face à la qualité des scènes d’action proposées. Une qualité qui n’a plus rien d’étonnant lorsqu’on sait que les cascades sont créées par Rémy Julienne, qui a lui-même créé bon nombre de scènes d’action pour les James Bond de John Glen, ce qui explique la parenté entre Condorman et ces derniers en termes d’efficacité.
Du côté du casting, la qualité est plus variable, mais finalement au rendez-vous : si Michael Crawford manque un peu de charisme, Barbara Carrera remplit sa part du contrat en James Bond girl avant l'heure tandis qu’Oliver Reed convainc à merveille en méchant russe. Il faut dire que le scénario, lui, ne se prive pas pour donner une épaisseur inattendue à ses personnages, soignant les relations entre chacun d’eux pour attacher le spectateur à leurs motivations.
On pourra regretter dès lors que le récit se contente parfois de ressasser les poncifs habituels du film d’espionnage sans réussir à les dynamiser par un humour, certes parfois très réussi, mais qui tend un peu trop souvent à se raréfier, ce qui aurait dû être le cas grâce au statut de pastiche que revêt le film.
Là où, en revanche, le pastiche touche en plein dans le mille, c’est lorsque le réalisateur lorgne vers la métafiction, comme le fera brillamment un certain Matthew Vaughn par la suite, en nous proposant déjà une belle mise en abyme entre les espions dans le monde réel et les super-héros des comics, version fantasmées que les héros du film voudraient bien atteindre, et dont ils ont déjà l'image auprès du public (excellente scène de confrontation entre l'espionne et un groupe d'enfants persuadés qu'elle sort du comics qu'ils ont tous entre les mains).
Ainsi, au rythme de l’excellente bande-son d’Henry Mancini, les studios Disney nous offrent un joli pastiche d’espionnage, plus intelligent qu’il n’en a l’air, qui nous fait voyager et rêver, comme tout bon divertissement se doit de le faire.