Seul et unique long métrage du pamphlétaire souterrain Alain Soral Confession d'un dragueur est un petit film plutôt efficace dans sa démarche de flatter la gente masculine au détriment du sexe faible. Loin d'être inintéressante cette leçon de drague longue durée s'adresse au petit misogyne qui est en chaque mâle : Soral, avec toute la véhémence ayant fait sa ( discutable ) notoriété, construit son long métrage sur la relation improbable entre un prolo viril et un étudiant bourgeois efféminé... A la fois film sur les clivages sociaux et incitation à la parfaite goujaterie Confession d'un dragueur se laisse suivre sans ennui, fort d'un humour assez bienvenu mais aussi foutrement bancal dans sa réalisation.
Il y a ce ton fortement didactique et démonstratif qui déplaît beaucoup lors de certaines scènes ; cette construction sous forme de saynètes très répétitive et assez lourde ; il y a aussi la rencontre plutôt amusante et assez audacieuse de Tonton Saïd et du fils Dutronc, et cette écriture soutenue pétrie de clichés annoncés comme des vérités... Soral affiche la couleur dès les premières minutes, montrant les femmes comme des jouets manipulables et dénuées de libre-arbitre séducteur. Ca dérange tout en fichant un bon coup de pied dans l'ordre moral, mais ça laisse également assez perplexe.
Tonton Saïd ( dont le seul rôle mémorable de sa carrière reste celui de La Haine de Kasso ) est ici réduit à la caricature du voyou gringo rigolo qui brasse du vent aux côtés d'un Thomas Dutronc faiblard : piètre acteur, le jeune garçon est un énorme stéréotype de l'intello vicelard en mal de virilité et de sex-appeal. Alain Soral décline son film éducatif en enchaînant les principes du parfait dragueur : il faut être con, avoir de l'aisance, mentir, tchatcher comme pas deux, voler dans les plumes et abouler le fric... Guide du parfait salopard en somme. Mouais !
Il y a pourtant quelques très beaux moments de provocation, notamment l'introduction théâtrale en forme de branlette résiduelle et le souvenir pas piqué des vers de Tonton Saïd et de sa courante : pour ma part l'humour de cette scène apporte un certain capital sympathie au film, film qui ne cherche visiblement pas à se faire des amis pour la conscience...
Techniquement le film reste assez mauvais et ne vaut guère plus qu'un film de Catherine Breillat. Intellectuel reconnu pour sa haine propagandiste et son homophobie Alain Soral reste ici fidèle à lui-même, filmant une caricature plutôt marrante de ses idéaux douteux. Un film dispensable mais plutôt réussi dans sa catégorie.