Pour une interview musicalement rythmée, The egg and I-Cowboy Bebop.
-Bonjour, je suis votre hôte, Son Jong-hak, et je suis ici avec monsieur B., auteur d'un commentaire pour le moins perturbant sur Sens Critique, dans lequel il semble se démener contre lui même et n'arrive pas à décider de la note à attribuer à Confession of a Murder.
Alors tout d'abord, monsieur B., voulez vous bien vous soumettre à la demande et retirer votre masque ?
-Aheum ! Je... je ne préfère pas Son Jong-hak. Mais, mais vous pouvez m'appeler Barbu.
-Bien, Barbu. Je récapitule les faits pour nos téléspectateurs. Le soir du 30 mai, après avoir écrit un billet sur le sympathique Sympathy for Mr.Vengeance, vous décidez de regarder la fin de Confession of Murder, est-ce exact ?
-Oui, Son, je... aheum ! En fait, j'avais commencé par Confession of Murder.
Murmures étonnés dans l'audience.
-Je pensais qu'un thriller plus classique passerait mieux auprès des...personnes avec qui je le regardais, vous voyez ? Mais après la scène du serpent, j'ai pas vraiment tenu et j'ai enchaîné sur le film de Park Chan-wook.
-Alors pourquoi y êtes vous revenu après, Monsieur Barbu, si je puis me permettre ? Si le film ne vous a pas plu, pourquoi vous y remettre ? Surtout que votre jugement allait s'en trouver modifié et vous le saviez !
-Question d'éthique, monsieur Son. Après coup, je me suis dit que c'était pas très intelligent de ne pas voir la suite, vous voyez ? Je veux dire, j'ai une conscience, derrière mes yeux bleus. Et tout ne pouvait pas être à jeter, c'est quand même la Corée !
-Je vois, alors, qu'est ce qui vous à fait arrêter la première fois ?
-Tout commence avec la première scène d'action, qui fait office de prologue, le tueur et le flic se poursuivant.
-Oui, on me signale que vous avez apporté une vidéo sensée prouver vos dire, nous allons la diffuser. Le contenu peut en être violent, aussi, veuillez éloigner les enfants et les personnes du poste de télévision.
-Je confirme, la sensation de malaise peut-être déroutante. Je vous recommande de commencer à 2 minutes 58 seconde et laissez défiler.
[...]
-Vous voyez, l'action "caméra au poing" est absolument confuse et on en retire une vraie sensation de motion-sickness. Ça tremble de partout, c'est horrible et on ne comprend rien !
-Bon, je vous l'accorde, ce n'est pas très engageant. Mais une première partie décourageante ne signifie pas forcément un mauvais film, vous l'avez écrit vous même !
-Oui, mais je l'ai écrit pour un Memories of Murder où la lenteur et la bêtise des agents de police mise en scène au départ se révélait nécessaire dans une seconde partie et participait intelligemment à la construction de l'intrigue. Ici, cette scène est symptomatique d'une bonne partie des scènes d'actions du film, elles sont franchement... moches
Murmures outrés de l'assistance.
-Allons, allons, un peu de calme je vous prie. Continuez, monsieur Barbu.
-Merci, Son. Je veux pour preuve la deuxième vidéo que je vous ai amené. Je tiens à vous avertir de risque de spoil sur cette dernière, puisqu'elle concerne la fin de l’œuvre en question.
-Nous lançons immédiatement la vidéo, quel commentaire pouvez-vous en faire ?
-Vous voyez, toute la scène sur le camion est hallucinante. En premier lieu, je voudrais pointer le montage épileptique qui m'a vraiment, vraiment agressé les yeux.
-En effet, la confusion est renforcée par la rapidité de transition, c'est... douteux.
-Mais mes griefs ne s'arrêtent pas à ces seuls reproches formalistes !
-Non, c'est ce que nous avions cru comprendre. Votre déclaration fustigeait beaucoup d'aspects du film.
-Oui, Son. Pour continuer sur la fin du film, je dois dire que quelque chose qui m'a vraiment défrisé -pardonnez l'expression- c'est la facilité avec laquelle le tueur s'en tire, c'est très artificiel, et on sent que tout est fait pour mener à cette scène d'action, ce "money shot" final un peu cheap.
-Est-ce seulement les effets numériques et la chorégraphie que vous décriez ?
-Non seulement ça, mais aussi la mise en scène mal maîtrisée pour la scène de combat dans le camion, là ou j'ai rencontré le diable fait figure de cas d'école pour filmer une scène violente en milieu étroit, Jeong Byeong-gil n'y arrive tout simplement pas. Et la performance d'acteur de Jeong Hae-gyoon fait vraiment... Choi Min-sik au rabais, n'ayons pas peur des mots !
-Vous êtes très dur ici, pourquoi le comparez vous à Min-sik ?
-Parce que le coup du tueur en série sadique, ça colle à la peau de Min-sik, qui l'année d'avant tournait dans l'excellent J'ai rencontré le diable et crevait l'écran avec une performance de fou ! Ici, Jeong Hae-gyoon reprend quelques mimiques sans avoir le talent du monstre coréen. La faute aussi à un personnage de tueur qui intervient trop tard, manque d'envergure et dont on ne comprend pas l'intelligence tant ses erreurs finales sont... idiotes !
-Mais si...
-Attendez, je termine sur les personnages. J'ai lu quelques avis sur la question, dont celui d'un certain TotoroM extrêmement pertinent, dans lequel il pointe beaucoup d'erreurs que j'ai repérées et d'autres dont j'avais pas idée. On peut souligner les parents des victimes embourbés dans leurs clichés sans jamais en sortir et le ton résolument misogyne du film dans lequel les femmes journalistes sont incapable de poser d'autres questions au tueur que - je cite de mémoire- Comment prenez vous soin de votre peau ? Incapable d'être professionnelle, elles sont reléguées au rang de victimes ou d'incompétentes.
-Mais que faîtes vous du personnage de Kang Sook.
-Et bien je me gausse, parce que mise à part tirer des carreaux d'arbalètes à droite à gauche et rater sa cible, elle ne fait pas grand chose ! C'est un cliché de plus à mettre à l'actif de ce film !
-Mais alors, la question que nous nous posons tous ici, monsieur Barbu, c'est pourquoi avoir hésiter entre 6 et 5, qui sont des notes respectables !!?? Et pourquoi ce 4 final ?
Murmures approbatifs
-Pourquoi ne pas avoir trancher dans le vif et directement descendu le film ?
-Parce que je ne peux m'empêcher d'y voir un tas de bonnes choses et que détruire le film serait malhonnête de ma part, et que j'suis pas un malhonnête, je tiens des propos pleins de tolérance, moi ! Le pitch de départ est quand même assez original pour capter l'intérêt du spectateur, le tueur se confessant sous couvert de la prescription de ses crimes. La critique des médias, des talk-show, de l'avidité sans morale des grattes-papiers rapaces, moi, ça m'enchante toujours, même si la subtilité n'est pas toujours au rendez-vous. Puis la tension est constamment maintenue et le suspens est géré correctement, hormis quelques twist abusifs sur la fin, mais parfaitement raccord avec la critique du "scoop à tout prix" et des effets d'annonces médiatiques.
-Un avis mesuré qui explique tous ces atermoiements et hésitations sur la note finale, merci Monsieur Barbu. Pour finir, puisqu'il nous reste une minute d'antenne, recommandez-vous ce film ?
-Oui, sans hésitation, chacun devant ce faire sa propre opinion. Il ne trouve pas grâce à mes yeux, je ne le reverrai probablement jamais, mais il a ses qualités que je ne peux nier. Ce n'est pas une perte de temps que de le regarder. Après, ce n'est pas un bon film, c'est brouillon et maladroit, mais c'est un 4/10 comme j'aimerai en avoir plus. Un 4/10 à l'image du cinéma coréen... un über 4 !
-Eh bien merci, Monsieur Barbu, pour ces éclaircissements sur vos messages déroutants. En espérant vous revoir bientôt avec nous.
-Sans la moindre hésitation, Son. Dès que je tergiverse sur un film et change plusieurs fois la note, je reviens vous voir.
-Ce sera avec plaisir. En attendant, restez avec nous, après cette courte page de pub vous retrouverez votre programme favori, les Anges de la téléréalité : cauchemars en prison présenté par Gordaune Ramesay, en direct de Pyongyang.
Nabilou vas-t-elle pouvoir guérir du typhus ? Samantha avouera t-elle à Steve que son bébé n'est pas de lui mais du gardien de prison Nord Coréen qui la viole à répétition ?
Un suspens insoutenable...