Ni noir ni blanc

Qu'est ce qui se passe avec ce film? L'ai je aimé ou non? Jusqu'à la première moitié ce qui primait était un sentiment confus face à un scénario tiré par les cheveux qui à mon sens ne tenait pas la route. Et puis, progressivement, on intègre l'étrangeté du synopsis et on commence à prendre du recul sur le personnage et son histoire, à déceler une certaine cohérence qui rehausse l'intérêt. Mieux encore, certaines scènes sont remarquables, contrebalançant d'autres soit transparentes, soit pathétiques (et on se demande d'ailleurs toujours si ce n'est pas volontaire) : ainsi la savoureuse mise en garde contre les candidats au jeu télévisé de tout propos à caractère sexuel, ainsi la fille de la piscine, ainsi la confession du collègue tueur, ainsi le pétage de plomb en direct, ainsi le café empoisonné..

A l'image du personnage principal, le film est dual, alternant bon et moins bon, richesse et fadeur, humour et noirceur, suscitant contentement et déception. Mais tout cela ne fut il pas intentionnel? Construire le film dans la logique duale de ses thèmes (la place et le dessein de l'homme, les mauvaises moeurs face à l'inutilité de l'être, qu'est ce que faire le bien et qu'est ce que faire le mal? Vaut il mieux vivre mauvais et connus ou bon et inconnu? "tout n'est pas blanc ou noir", cette phrase livrée dans le film donne un élément de réponse) quitte à en sacrifier, en pondérer volontairement la qualité? Si c'est le cas, c'est un acte courageux (voire fou) et réussi. Ce film n'est ni bon ni mauvais, c'est un mélange des deux, pour un rendu troublant et surprenant