Septième Art et demi
Le mot "fuck" est dit 130 fois, nous dit IMDb. Une façon à la fois très juste et très fausse de résumer le film. Juste parce que cela reflète le niveau intellectuel des personnages et la teneur des dialogues qu'ils tiennent, et fausse parce qu'il y a aussi toute la manière dont cela est mis en scène. Tout est lié à la façon de traiter les choses, sinon à quoi bon séparer le ressenti de la critique ?
Le nombre de plans est astronomique. Pendant les discussions, ils durent parfois une demi-seconde à peine et s'enchaînent par dizaines de champs/contrechamps/contre-contrechamps. Avec ça, les dialogues sont débités comme de trois Amazones de l'éloquence pollués par trois Pékins d'inanité. Une plume abondante et rugueuse d'où s'écoule un océan, le contexte. Tellement d'eau qu'on pourrait le croire fertile, mais il y manque la terre pour y voir pousser des promesses artistiques. Alors on aura beau admirer la caméra énergique jouant au torero avec des faux raccords qui jamais ne l'atteignent, l'œuvre ne semble pas chasser de but particulier ni réussir un quelconque aspect secondaire (en ce qui concerne la musique, le single Clocks de Coldplay au générique est l'unique exception).
L'action distrait mais elle nous laisse beaucoup trop penser qu'on pourrait avoir un pot de pop corn entre les mains pour s'aider à fermer les yeux sur sa nature. Le film ne garde qu'une seule vraie qualité : il est diablement facile à suivre pour selon qu'il est si peu linéaire et si touffu.