Querelle(s)...
CONSÉQUENCES (14) (Darko Štante, SLO, 2018, 93min) : Cette œuvre coup de poing nous plonge de façon percutante dans un centre de détention de mineurs en Slovénie à travers le destin d'Andrej, un...
Par
le 27 juin 2019
8 j'aime
Darko Štante a été éducateur dans un centre de redressement pour jeunes délinquants en Slovénie, et c’est de cette expérience-là qu’il a tracé les grandes lignes du scénario de Conséquences, son premier long métrage. Voilà donc pour le décor et l’environnement social que Štante observe et jauge sans jamais forcer le trait : violence sous-jacente, rackets, rapports d’autorité, impuissance des éducateurs et inutilité d’un système qui, s’ils ont le mérite d’exister, n’apportent aucune réelle solution au problème d’adolescents sans plus de repères moraux (ni parentaux), et finalement peu enclins à vouloir rentrer dans le rang.
Mais ce qui intéresse d’abord Štante, c’est la naissance du désir entre deux garçons (Andrej, le petit nouveau qui vient d’arriver, et Žele, le chef de bande) au sein d’un milieu clos où la virilité et le machisme sont sans cesse exacerbés, établis comme un modèle unique. Où il faut savoir être un "homme", un vrai, savoir jouer les gros bras et les gros durs, se prendre pour un caïd, épater la galerie et se vanter en permanence (les vols, les bagarres, les coups, les filles…). Et qui, évidemment, rejette en bloc l’homosexualité, sujet tabou qu’il ne faut ni évoquer ni questionner, et cristallisant abus, rejets et déshonneur dans une société à la traîne par rapport aux droits LGBT. Et qui deviendra même, ici, un moyen d’emprise et de manipulation émotionnelles.
Très influencé par le travail des frères Dardenne, Štante filme sec et naturaliste. C’est ce qui fait l’atout du film autant que son défaut. L’atout parce qu’il se refuse à tout misérabilisme et toute surenchère, quand le sujet s’y prêtait allègrement. Son défaut parce qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ce film des centaines de fois dans cette forme de cinéma social qui cherche à se débarrasser du moindre superflu (lumières naturelles, pas de musique et pas d’effets de mise en scène), quitte à en devenir transparent, banalement banal. Conséquences se regarde et se découvre avec intérêt, sans ennui mais sans étincelles, et marque surtout par l’interprétation enragée de ses jeunes acteurs issus, pour la plupart, du monde du théâtre.
Créée
le 2 août 2019
Critique lue 175 fois
D'autres avis sur Consequences
CONSÉQUENCES (14) (Darko Štante, SLO, 2018, 93min) : Cette œuvre coup de poing nous plonge de façon percutante dans un centre de détention de mineurs en Slovénie à travers le destin d'Andrej, un...
Par
le 27 juin 2019
8 j'aime
Critique de la nouvelle république : "En quelques mois, Andrej a glissé de la naturelle révolte adolescente à la franche délinquance. Désarmée, la mère de cet athlétique garçon de 17 ans voit du bon...
le 21 juil. 2019
2 j'aime
1
Voici un film d’une cinématographie européenne extrêmement rare voire inexistante sur nos écrans hexagonaux. Il s’agit en effet d’un film slovène, petit pays de l’Est pourtant proche de nous entre la...
Par
le 5 juil. 2019
1 j'aime
Du même critique
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
182 j'aime
3
Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...
Par
le 19 oct. 2013
180 j'aime
43
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
162 j'aime
25