/!\ Critique qui contient des spoilers /!\
Appartenant à la catégorie des films un peu oubliés des grands réalisateurs, Contact a mis très longtemps à attirer mon attention. A première vue, le film divise le public contemporain, à l’instar d’un Abyss, qui malgré ses qualités, m’avait laissé sur ma faim. Doté de bonnes idées et de moments de poésie, Abysse laissait ressortir un côté kitsch qui frôlait le ringard par moment à mes yeux. J’ai toujours craint que Contact tombe dans la catégorie des films des années 90 qui en font trop. Finalement, Contact s’en sort très bien
Le film suit Ellie, astronome passionnée à la recherche d’ondes radio d’origine extra-terrestre. Travaillant originellement pour le SETI, elle obtient un financement pour poursuivre ses recherches au Very Large Array. Malgré le peu de confiance général en sa mission, elle finit par capter un son probablement venu de l’espace.
C’est sur cette découverte et la réaction d’Ellie que le film se lance et nous saisit jusqu’à la fin. Bien que les rebondissements soient (très) présents, le film, au-delà de la science-fiction pure, se base essentiellement sur l’humain, bien plus que sur l’inconnu. Zemeckis (et Sagan avant lui) tente d’apporter une réponse, une lecture à ce que serait la réaction de l’humanité face à une telle révélation. Et il le fait de manière très intelligente.
Comme on pourrait le présager, une opposition idéologique émane de cet évènement, entre la science, le camp « rationnel » et la religion, camp « spirituel ». C’est un exercice difficile que de s’attaquer à cette question mais j’ai personnellement trouvé que Zemeckis l’abordait brillamment. Cette thématique et dualité, qui me touche particulièrement, est traitée ici avec beaucoup d’humilité. Si les deux personnages qui incarnent cette opposition (Jodie Foster et Matthew McConoghay) le font avec brio, ils sont développés sans jamais trop tomber dans le cliché. Je me retrouve beaucoup à travers le personnage de Ellie, sa passion pour les étoiles d’abord, mais aussi son caractère prônant la rationalité, la quête de vérité en repoussant les réponses faciles aux interrogations complexes de l’espace-temps. Par ailleurs, Zemeckis fait le choix d’axer le regard de la caméra et la réaction à ces événements uniquement à travers l’œil d’Ellie : nous voyons ce qu’elle voit, entendons ce qu’elle entend et nous ne sommes absolument pas informés des tenants et aboutissants qui lui sont inconnus et qui la dépassent. Ce choix renforce donc mon attachement à ce personnage et fait ressentir les frustrations que l’on pourrait connaitre à sa place.
Face à la science dite rationnelle, la religion et la croyance religieuse sont traitées avec respect dans des dialogues et passages à la fois touchants et personnels, jusqu’à atteindre l’apothéose dans une scène mémorable (celle de l’audience) : Le personnage (et spectateur) non croyant peut alors percevoir le sentiment commun à l’origine de la frustration et de l’inébranlable foi chez le croyant. Palmer Joss, croyant au plus profond de lui, se révèle pertinent malgré quelques arguments qu’un incroyant de la première heure comme moi pourrait trouver fallacieux. Toute la dureté et la complexité d’un amour mis à mal par le poids des convictions et de la nature humaine se retrouve dans la relation que Palmer entretien avec Ellie.
Bien-sûr, le film n’est pas exempt de quelques reproches. Sujet aussi vaste que l’univers, le scénario de cette (science) fiction se heurte à la crainte qu’on avait avant le visionnage : le besoin d’en faire trop. Le film va de révélations en rebondissements et si cela ne m’a absolument pas sorti du film, je peux comprendre que certains événements « too much » (très marqués cinéma des années 90 à mes yeux) puissent en détourner certains. Cependant, chaque rebondissement se justifie par la suite et est agrémenté d’idées surprenantes mais scientifiquement viables et qui font mouche (l’utilisation des maths, Hitler, le Jeff Bezos-like etc..) !
Si la scène de l’audience et la position paradoxale de Ellie peut frustrer, il faut comprendre que face à ce sujet glissant Zemeckis essaie de contenter tout le monde de manière satisfaisante. L’argument du coup monté est quelque peu grossier et le rapprochement entre la science et la religion peut s’apparenter à une forme de concordisme un peu dérangeant, mais qui se justifie par la peur de ne pas se mettre à dos une partie du public américain. Cependant, on appréciera que Zemeckis finisse par briser cet espèce de « statu quo » lors d’une dernière révélation qui rendra à Ellie sa pleine légitimité.
Rares sont les films « grand public » de SF qui ont su traiter de ces sujets spirituels et métaphysiques sans tomber dans une morale bateau ou à l’inverse sans se risquer à une complexité intellectuelle lourdingue. On passe un très bon moment, accompagnée d’une réalisation au poil qui tente des expérimentations de mise en scène très agréables pour les yeux. En espérant qu’il sorte un peu de l’oubli dans les années à venir tant il a le potentiel de plaire aux inconditionnels de 2001 dont il s’inspire indubitablement, comme aux fans d’Interstellar au vu des similitudes qu'ils entretiennent.