J'ai toujours aimé Jodie Foster. Le premier film que j'ai vu d'elle, c'était un film où elle jouait une fille étrange mais on l'y voyait partiellement nue et du coup, j'avoue que c'est la première fois que je me suis un peu mis à fantasmer sur une fille. En plus, je découvrais avec les films suivants qu'elle avait un caractère du genre bien trempé, et ça aussi, ça me plaisait pas mal. Récemment, avec Elysium, je me suis pris à regarder un peu ce qu'il advenait de la demoiselle pour découvrir qu'elle avait fait son coming-out. Détail de sa vie privée qui était assez superficiel, il faut l'avouer, mais qui me convainquit dans le fait que notre idylle n'aurait jamais lieu. Bon, avec le temps, je m'étais quand même fait une raison avant. Toujours est-il que la sémillante Jodie se fait rare sur les écrans et c'est bien dommage, parce que c'est une super actrice, preuve en est ce "Contact" dont elle est le rôle principal, vu à l'origine pour rassasier une soif soudaine de hard-SF. Et faut bien avouer que ça dépote pas mal.

Pour s'en convaincre, prenons l'exemple de la superbe première séquence, cette dernière ouvrant le film pour vous faire comprendre qu'attention, vous avez mis les pieds dans un divertissement qui sait aussi être bien ficelé. On y découvre un plan de la planète Terre, normal jusque là, avec, en fond sonore, de sympathiques diffusions radiophoniques, qui forment un tout très bruyant mêlant information et musique. On comprend l'idée, seulement, la caméra recule doucement, laissant voir un peu plus de l'espace, de sa noirceur habité d'étoiles à des milliers d'années-lumière. Et le son, tranquillement, se réduit, il y a moins d'émissions captées depuis la caméra, en réalité. Et elle recule encore, réduisant ce bruit informationnel à peau de chagrin tandis que l'on dépasse Mars. Puis bientôt, on sort du système solaire et là, c'est le silence. Ça recule encore, pour apprécier les galaxies, les formations gazeuses et ainsi de suite, jusqu'à plus soif. Le message est passé, mais certains personnages le rediront ponctuellement : l'univers est grand, ce serait quand même un sacré gâchis si nous y étions seul. Tel est la devise du film et son pitch se base là-dessus : il y a, comme son nom l'indique, contact et pour la première fois, nous entendons des extra-terrestres qui nous envoient des données. Incroyable, mais mieux : des données intelligibles. Bientôt, il semblerait que les extra-terrestres nous envoient des données. Attendent-ils quelque chose de nous ?

Je tairais la suite, mais dans le principe est le suivant : qu'allons-nous faire ? Parce que quand même, la plupart du temps, on réagit un peu comme des idiots. D'autant que le film ne veut pas uniquement nous montrer la réaction de l'humanité : il veut aussi ouvrir un petit débat théologique avec vous. L'idée de la religion qui s'invite, c'est un peu normal, on est aux Etats-Unis, quand même. Le film suit progressivement la piste, prenant son temps - il dure quand même 2h25. Alors, oui, ça a l'air horriblement long et oui, d'une certaine façon, on pourrait croire qu'il y a des longueurs et pourtant... Et pourtant, à dire vrai, je ne saurais trop ce qui pourrait être retiré. Tous les personnages sont placés consciencieusement, chacun exécutant son rôle dans le voyage d'Ellie/Jodie Foster pour parvenir à enfin entrer en contact avec les petits hommes verts. Et toute la croisade que la jeune femme n'en devient que plus dramatique, tant elle déploie d'effort pour parvenir à son but - et tant elle est freinée invariablement par la politique.

Le final - attention, là, je vais spoiler - je l'ai trouvé bien vu, assez intéressant dans son principe. J'ai surtout aimé que le métrage ne juge pas, ni ne trouve pas une raison valable de fortifier la foi face à la science. L'idée est plus d'initier une réflexion sur le moteur de la foi que de dire "HA, T'AS VU ? TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE, CON". C'est un peu rassurant parce qu'à plusieurs reprises, le discours sur la foi est placé dans la bouche de gens qui déblatèrent ce qu'on a l'habitude - malheureusement - de voir. Rappelons quand même que l'émissaire qui doit être envoyé auprès des aliens est finalement choisi pour être quelqu'un de croyant - pire, de chrétien, sympa, non ? - alors que l'héroïne est recalée pour avoir dit être d'un athéisme plutôt agressif, ce qui se comprend étant donné qu'elle a l'air d'être agressée là-dessus. Etrange parti-pris mais finalement, est-il si surprenant. Un des personnages confesse même que ça lui paraît rédhibitoire d'envoyer quelqu'un qui pense que 95% de la population mondiale (la population croyante) se goure. Je pense que 95%, c'est un peu lâche, mais quand même. Le seul problème, donc, de ce final - quand même sympa - c'est que finalement, si on y réfléchit deux secondes, il ne tient que parce que l'énoncé, la façon dont le film l'amène, est très biaisé - ce qui est normal, il y a un effet attendu, quand même. Et qu'en réalité, il y a plein de preuves qui étayent la version de Jodie au contraire de celle de James Wood - en plus de celle qui est donnée au final par un autre personnage. Donc... un "oui, mais" pour cette fin qui invite à la réflexion quand même !
Côté farce spirituelle, aussi, puisqu'au final, le film s'étend quand même beaucoup sur la pratique de la foi se heurtant à la science. Je trouve dommage, néanmoins, qu'il n'y ait pas davantage d'intervenants qui, plutôt que d'opposer les deux, tentent de les concilier. J'aurais bien aimé que le film interroge un scientifique croyant, histoire d'avoir une idée de ce qu'aurait pu être sa foi. Parce qu'après tout, la science explique le monde mais rien n'empêche un homme de croire. Seulement, avec l'apanage de la science, peut-être que cela demande simplement plus de réflexion, et moins des vérités toutes faites conçues par les religions avérées. Enfin, c'est un point de vue.
Jodie, je t'aime. Tu arrives à passer du vulnérable à l'indéboulonnable, de l'innocence à la froide colère en un claquement de doigts, donnant à ton personnage de scientifique passionnée une humanité incroyable. Matthew, c'est un bon début, et j'aime bien ton accent traînant et plutôt rassurant, c'est marrant. Côté SF, on est en plein dedans.
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le 18 janv. 2015

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