It's a bad day to be a rhesus monkey.
Dur dur de se lancer dans le film de propagation de virus, tant le genre a été mis à mal au fil des années, les productions de piètre qualité s'étant enchaînées en tombant toujours plus bas, au point que même Steven Seagal aura été le héros de l'une d'elle. Cependant, il en faut plus pour décontenancer Steven Sodherberg, qui arrive ici un peu que comme un Monsieur « je sais pas s'il y a déjà eu des films du genre mais de toute façon je m'en fous le mien sera le meilleur », et c'est une bonne chose, car dès les premières minutes il fait table rase et nous sublime avec sa mise en scène pointilleuse et envoûtante. Chaque plan est maîtrisé, chacun des talents réunis ici (et il y en a beaucoup) ont droit à un temps judicieusement proportionné, pas de façon à nous imposer constamment les plus bankables, mais simplement de manière réfléchie et logique (en plus d'éviter les miscasts). Visuellement, le film nous rappelle d'ailleurs le piqué visuel chaud de Traffic, et Soderberg réussit avec une histoire somme toute très bateau (recherche du patient zéro, critique des lobbies pharmacologiques, gentille toubib qui tombe malade, sans compter la pléiade de thématiques couillonnes) à enfin apporter au genre ce qui lui avait toujours manqué, à savoir une essence qui donne envie au spectateur de suivre l'aventure jusqu'au bout, et non pas regarder la chose en dilettante comme c'est souvent le cas avec ce genre de production.
Bref, Contagion est une oeuvre maîtrisée de A à Z, esthétiquement irréprochable, au casting flamboyant (Kate Winslet et Jude Law en tête, suivis par quelques seconds rôles qu'il est un véritable plaisir de retrouver, que ça soit Bryan Cranston ou John Hawkes), évitant de s'éterniser sur certains poncifs ennuyeux (l'aspect catastrophe et gens qui hurlent en courant n'est que brièvement montré) afin de mieux se concentrer sur l'ambiance, qui il faut l'avouer, est d'un froid et morbide comme toute oeuvre du genre devrait l'être (ce qui tranche avec les teintes chaudes de sa photographie). C'est d'ailleurs essentiellement sur la mise en scène que s'appuie Soderberg, considérant, à juste titre, qu'elle est ce qu'il y a de plus important dans un long-métrage, aussi usé son scénario puisse-t'il être, car il l'est, et bien que les finalités soient constamment devinées à l'avance par le spectateur il ne pourra s'empêcher de continuer à être absorbé par la pellicule.
Pour conclure, les amateurs de menaces bactériologiques y trouveront un film comblant enfin les failles du genre, apportant le climat anxiogène qu'il manquait à toutes les bobines qui se suivaient depuis des décennies. Les plus allergiques aux discours simplistes auront quant à eux du mal à accrocher à son mélange patriotique et anti-capitaliste assez niais.
Mention spéciale pour Steven Soderbergh, qui après la saga Ocean laisse tomber l'action pour se concentrer davantage sur l'atmosphère, afin de renouer avec l'esprit de Traffic et Solaris. Un retour aux origines attendu longtemps, mais qui en valait la peine !
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