Le retour du refoulé. Comment la réalité est dépassée par la fiction. Et à ce petit jeu là Contagion est un cas unique en son genre, un modèle. Je suis passé à côté de ce film il y a 9 ans. Pas bon, moyen. Vu les enjeux et le casting, Soderbergh est passé à côté de son sujet. C’était il y a 9 ans, c’est l’impression que ça m’a laissé. 2011. 2019 et quelque mois, et voilà qu’une bombe nous tombe tous sur la tête. Pandémie. Et oui ! 2020 n’a jamais réellement débutée, phagocytée par son prédécesseur qui ne s’est jamais vraiment terminée. Même en septembre 2020, j’ai l’impression d’être toujours, toujours en 2019, car j’ai trop entendu ce chiffre partout. 2019. Covid-19 et tralala… Le temps s’est comme arrêté.
Allez voir contagion ! C’est incroyable comme ce film décrit notre situation actuelle. On y parle de virus venu de Chine, de patient 0, de faux remède miracle, c’est ouf !
Á force d’entendre parler du sujet sur le net, je me suis refait Contagion pour voir ce que j’avais raté la première fois. Peut-être que c’est un chef-d’œuvre ? Et moi là, j’ai rien vu. C’est vrai que certaines coïncidences sont troublantes, si on oublie le casting grand luxe, la narration docu-fiction sans esbroufe, hyperréaliste même, sans héros, des personnes comme vous et moi rattrapées par le destin avec un grand D. En 2011 j’avais vu un divertissement moyen, j’avais pas pris mon pied, raté le divertissement. En 2020 je vois un OVNI puisque je suis dedans. Nous sommes tous dedans.
Et si l’action semble si froide dans Contagion, c’est que la vérité d’une épidémie est froide comme une accumulation de chiffres qui ne disent rien d’autre que ce que l’on sait déjà. [83 décès en 24 heures, la barre des 27 000 morts du coronavirus…]
Protégez-vous ! Mettez un masque ! Etc. L’OMS, L’Artémisia, (qui porte un autre nom dans le film), Big Pharma, le patient zéro introuvable, le vaccin trouvé en urgence, le couvre-feu, tout se recoupe comme par miracle. Le film fait sens par un heureux hasard du calendrier. Ce n’est plus un film, il n’est plus vu comme tel. C’est un témoignage. Ça sonne soudain plus vrai que vrai. Soderbergh c’est un sorcier. Un parfait témoignage de notre situation actuelle, avec moult détails mais (à rebours). Incroyable. Si le film était sorti en décembre 2019 on l’aurait trouvé nul avec raison ; sans réel suspense, (on cherche et attend le vaccin dans le film, c’est peu) ; aucun intérêt artistique, pas de surprises, d’action, et quelques mois plus tard on aurait crié au génie. En 2011 ce film n’a pas eut le succès escompté. Trop clinique, cérébral à défaut d’être intéressant. On parle, on parle dans Contagion. On en a vu des tas des films de fin du monde à base de virus destructeurs, ça bougeait au moins. Là, ça ne bouge pas. Même pas peur ! Ce qui doit arriver, arrivera, c’est la loi de Murphy. Ça devait arriver. Je regarde à nouveau contagion par curiosité en période de Covid-19 en plein couvre-feu. Il me fait le même effet qu’il y a 9 ans. Bof. Par contre, je me dis que ça devait arriver. Comme disait mon pote Michal :
« Ça devait arriver. ». Il travaille à l’hôpital, Michal.