Le visionnage était intéressant à l'époque de la sortie cinéma. Il est devenu anxiogène en 2020 à l'époque de la pandémie de Covid-19. Aujourd'hui, avec du recul sur les deux périodes, qu'en reste-t'il ?
Il reste que l'Histoire a montré que Soderbergh et son équipe avaient (très) bien préparé leur sujet. De l'OMS à la recherche du patient 0, de la panique aux vaccins, du drame au complotisme, c'est pratiquement un jeu des 7 erreurs entre fiction et réalité que pourra essayer chaque spectateur post-2020 (Mev-1 et Covid-19, pangolin et chauve-souris, forsythia et choloroquine...). A la sortie du film, plusieurs futurs protagonistes clés de la pandémie de Covid prenaient d'ailleurs le film en modèle et tiraient la sonnette d'alarme. S'il était un documentaire-fiction sur la pandémie, à quelques exceptions près (on parle tout de même dans le film d'un virus dont le taux de mortalité atteint 25 à 30%), Contagion serait donc exemplaire. Et il est, à bien des égards, la valeur étalon du film de ce genre.
Il reste que sur le pur plan cinématographique, ce all-star movie est un peu trop scolaire pour marquer autant sur la forme que sur le fond. La quantité de sous-intrigues donne du réalisme à la couverture de la pandémie mais amène indéniablement à ce que toutes les intrigues ne se valent pas - à ce jeu, la pauvre Marion Cotillard écope encore du rôle le moins intéressant de tous, puisqu'elle sera carrément oubliée durant la quasi-totalité du film pour réapparaître avec une résolution peu convaincante. Le montage froid colle en revanche parfaitement bien au sujet, et certains plans brutaux vous rappelleront que dans ce genre de catastrophe, la mort frappe toujours là et quand on ne l'attend pas.
Un film glaçant de réalisme, qui aura eu une étonnante portée historique.