"Conte d'été" est le premier Rohmer depuis plusieurs années à retrouver une certaine transcendance, même si l'on regrette encore la légèreté des "Comédies et Proverbes". On peut même se demander si la drôlerie de certaines scènes n'est pas involontaire, tant le personnage principal interprété par Melvil Poupaud est un véritable ventre mou du film, roi de l'irrésolu et des atermoiements. Mais la faculté de Rohmer à inscrire la parole la plus logorrhéique dans un réel intact, montré frontalement et sans le moindre artifice, enchante toujours autant : filmer le plus simplement du monde des gens qui disent des choses compliquées, voici bien le génie de Rohmer, qui fait de la parole et de son inévitable inadéquation avec ce qu'elle cherche à exprimer son grand objet. Si "Conte d'été" apparaît si banal qu'il peut irriter, c'est qu'il a pour unique héros l'homme ordinaire. [Critique écrite en 1996]