Contes de la folie ordinaire pourrait en fin de compte être un sous-titre valable pour toute l'œuvre de Ferreri. Une œuvre où la marginalité est traitée comme le meilleur miroir de la fragilité de nos existences, comme un livre ouvert sur les fantasmes d'une société et aussi de personnages les vivant pleinement ou presque. Fantasmes de vie, de sexe ou de mort, Ferreri dans ses meilleurs films n'avaient pas son pareil pour s'en faire le metteur en scène.
Ben Gazzara, dès le début, rentre parfaitement dans cet univers. Un sourire, un geste témoigne de l'ordinaire de sa folie.
N'ayant pas lu Bukowski (et ne m'apprêtant pas à le faire), Contes de la Folie Ordinaire joue sans problème son rôle dans la filmographie de Ferreri, à la fois particulier et avec un grand air de famille. La fin sur la plage engage sans doute un dialogue à distance avec un autre compatriote... et avec sa douce vie. Celle de Ferreri n'a rien de doux, elle est brute et à la recherche du sauvage en nous, c'est sans doute son charme romantique et désespéré.